Eau

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Eau. Le premier principe des choses selon Thalès et d'autres philosophes anciens. Evidemment cette eau n'est pas celle du plan matériel, mais dans un sens figuratif, elle représente le fluide potentiel contenu dans l'espace sans limites. Cela était symbolisé dans l'ancienne Egypte par Kneph, le dieu "non-révélé", que l'on représentait par le serpent – l'emblème de l'éternité – encerclant une urne à eau, avec sa tête planant au-dessus des eaux qu'il couve de son souffle. "Et l'Esprit de Dieu se mouvait sur la face des eaux" (Genèse, I). La manne, la nourriture des dieux et des abeilles créatrices de l'Ygdrasil, tombe durant la nuit sur l'arbre de vie depuis les "eaux divines, le pays natal des dieux". Les Alchimistes affirment que lorsque la terre pré-adamique est réduite par l'Alkahest en sa prime substance, elle est semblable à de l'eau claire. L'Alkahest est "l'unique et l'invisible, l'eau, le premier principe, dans sa seconde transformation".

(source : "Glossaire Théosophique" d'Héléna Blavatsky)




Au début de chaque "aurore" de "Création", la Lumière éternelle – qui est les Ténèbres – revêt l'aspect de ce qu'on appelle le Chaos : chaos pour l'intellect humain ; Racine éternelle pour le sens super-humain ou spirituel. [[ "Osiris est un Dieu n]]oir." Telles étaient les paroles que l'on prononçait "à voix basse" en Egypte, lors de l'Initiation, parce qu'Osiris Noumène est ténèbres pour le mortel. Dans ce Chaos sont formées les "Eaux", Mère Isis, Aditi, etc. Ce sont les "Eaux de la Vie" dans lesquelles des germes primordiaux sont créés – ou plutôt réveillés – par la Lumière primordiale. C'est Pouroushottama, ou l'Esprit Divin, qui, en sa qualité de Nârâyana, qui se meut sur les Eaux de l'Espace, fructifie, en lui infusant le Souffle vital, le germe qui devient "l'Oeuf d'Or, du Monde", dans lequel le Brahmâ mâle est créé [1] et de cet oeuf émerge le premier Prajâpati, le Seigneur des Etres, qui devient le progéniteur de l'humanité. Et, bien que ce ne soit pas lui, mais l'Absolu, qui soit dit contenir l'Univers en Lui-même, le devoir du Brahmâ mâle est pourtant de le manifester sous une forme visible. Il faut donc le rattacher à la procréation des espèces, et il revêt, comme Jéhovah et les autres Dieux mâles dans les anthropomorphismes subséquents, l'aspect d'un symbole phallique. Tout au plus, chacun de ces Dieux mâles, "Pères" de tout, deviendrait "l'Homme Archétype". Entre lui et la Divinité Infinie s'étend un abîme. Dans les religions théistes de Dieux personnels, ceux-ci sont rabaissés du rang de Forces abstraites à celui de puissances physiques. L'Eau de la Vie – "l'Abîme" de Mère-Nature – est considérée sous son aspect terrestre dans les religions anthropomorphiques. Voyez combien elle est devenue sainte grâce à la magie théologique ? Elle est considérée comme sacrée et déifiée, aujourd'hui comme jadis, dans presque toutes les religions. Mais si les Chrétiens l'emploient comme un moyen de purification spirituelle dans le baptême et les prières ; si les Hindous révèrent leurs torrents, leurs étangs et leurs fleuves sacrés ; si les Parsis, les Mahométans et les Chrétiens croient tous à son efficacité, cet élément doit certainement posséder une importante signification Occulte. Dans l'Occultisme on le considère comme le Cinquième Principe du Cosmos, dans le septénaire inférieur : car tout l'Univers visible fut construit par l'Eau, disent les Cabalistes, qui connaissent la différence qu'il y a entre les deux eaux – les "Eaux de la Vie" et celles du Salut – que les religions dogmatiques confondent si bien entre elles. Le "Roi Prédicateur" dit en parlant de lui-même :

Moi, le Prédicateur, j'étais roi d'Israël à Jérusalem et je m'adonnai de tout mon coeur à faire des recherches au moyen de la sagesse, sur toutes les choses qui se font sous les cieux [2].

Parlant du grand oeuvre et de la gloire des Elohim [3] – unifiés dans le "Seigneur Dieu" selon la Bible anglaise, dont le revêtement est la lumière, nous dit-il, et dont le ciel est le rideau – il se reporte au constructeur,

qui place les poutres de ses chambres dans les eaux [4].

c'est-à-dire à la Légion divine des Séphiroths, qui ont construit l'Univers en le tirant de l'Abîme, des Eaux du Chaos. Moïse et Thalès avaient raison de dire que seules la terre et l'eau pouvaient donner naissance à une Ame vivante, l'eau étant sur ce plan le principe de toutes choses. Moïse était un Initié, Thalès un Philosophe – c'est-à-dire un Savant, car de son temps les deux mots étaient synonymes.

Le sens secret en est que dans les Livres mosaïques l'eau et la terre représentent la matière première et le Principe créateur (féminin) sur notre plan. En Egypte, Osiris était le Feu et Isis la Terre ou son synonyme l'Eau ; les deux éléments opposés – précisément à cause de leurs propriétés contraires – étant mutuellement nécessaires en vue d'un même but à atteindre, celui de la procréation. La terre a besoin de la chaleur solaire et de la pluie pour faire pousser ses germes. Mais ces propriétés procréatrices du Feu et de l'Eau, ou de l'Esprit et de la Matière, ne sont symboles que de la génération physique. Alors que les Cabalistes juifs symbolisaient ces éléments simplement dans leur application aux choses manifestées et les révéraient comme les emblèmes de la production de la vie terrestre, la Philosophie Orientale ne les considérait que comme une émanation illusoire de leurs prototypes spirituels, et aucune pensée impure ou impie ne souillait son symbolisme religieux Esotérique.

Chaos, ainsi que nous l'avons montré ailleurs, est Théos qui devient Cosmos ; c'est l'Espace, qui contient toutes choses dans l'Univers. Comme l'affirment les Enseignements Occultes, il est appelé par les Chaldéens, les Egyptiens et toutes les autres nations, Tohu-vah-bohu, ou Chaos, Confusion, parce que l'Espace est le grand magasin de la Création, d'où procèdent, non seulement les formes, mais aussi les idées, qui ne pouvaient être exprimées que par l'entremise du Logos, Mot, Verbe ou Son.

(source : "La Doctrine Secrète" d'Héléna Blavatsky, V, 254-256)

Voir aussi

Notes et références

  1. Les Vaishnavas, qui considèrent Vishnou comme le Dieu Suprême et l'auteur de l'Univers, prétendent que Brahmâ jaillit du nombril de Vishnou, "l'impérissable", ou plutôt du Lotus qui en sortait. Mais ici "nombril" veut dire Point Central, le symbole mathématique de l'infini, ou Para-brahman, l'Unique et le Sans-Pareil.
  2. Ecclésiaste, I, 12, 13.
  3. Il est probablement inutile de répéter ici ce que tout le monde sait. La traduction de la Bible Protestante n'est pas la reproduction mot à mot des Bibles Grecque et Latine plus anciennes : le sens y est très souvent défiguré et on y lit "Dieu" où il y avait "Jahvé" et "Elohim".
  4. Psaumes, CIV, 2, 3.