Cagliostro

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Portrait de Cagliostro, non attribué

Cagliostro. Adepte fameux, dont les ennemis prétendent que le véritable nom était Joseph Balsamo. Natif de Palerme, il étudia sous la direction d'un mystérieux étranger au sujet de qui on n'a que peu de renseignements. Il est inutile de raconter ce qu'on dit de son histoire admise, et son histoire réelle n'a jamais été dite. Son destin a été celui de tous les êtres humains qui prouvent qu'ils en savent plus que tous les autres hommes il fut "lapidé" par des persécutions, des mensonges et des accusations infamantes, et il était pourtant l'ami et le conseiller des plus grands et des plus hauts personnages de tous les pays qu'il visitait. Pour finir il fut jugé et condamné à Rome pour hérésie, et on dit qu'il mourut enfermé dans une prison d'État (voir "Mesmer"). Pourtant sa fin ne fut pas tout à fait imméritée car il avait manqué à ses vœux, était déchu de son état de chasteté, et avait cédé à l'ambition et à l'égoïsme.


(source : "Glossaire Théosophique" d'Héléna Blavatsky)


Déclaration de Cagliostro

Portrait présumé du Comte Alessandro di Cagliostro, par Le Gay, 1778

« Je ne suis d'aucune époque ni d'aucun lieu ; en dehors du temps et de l'espace, mon être spirituel vit son éternelle existence et, si je plonge dans ma pensée en remontant le cours des âges, si j'étends mon esprit vers un mode d'existence éloigné de celui que vous percevez, je deviens celui que je désire. Participant consciemment à l'Etre absolu, je règle mon action selon le milieu qui m'entoure.

Mon nom est celui de ma fonction et je le choisis, ainsi que ma fonction, parce que je suis libre ; mon pays est celui où je fixe momentanément mes pas. Datez-vous d'hier, si vous le voulez, en vous rehaussant d'années vécues par des ancêtres qui vous furent étrangers ; ou de demain, par l'orgueil illusoire d'une grandeur qui ne sera peut-être jamais la vôtre ; moi, je suis Celui qui Est.

Je n'ai qu'un père : différentes circonstances de ma vie m'ont fait soupçonner à ce sujet de grandes et émouvantes vérités ; mais les mystères de cette origine, et les rapports qui m'unissent à ce père inconnu, sont et restent mes secrets ; que ceux qui seront appelés à les deviner, à les entrevoir comme je l'ai fait, me comprennent et m'approuvent. Quant au lieu, à l'heure où mon corps matériel, il y a quelque quarante ans, se forma sur cette terre ; quant à la famille que j'ai choisie pour cela, je veux l'ignorer ; je ne veux pas me souvenir du passé pour ne pas augmenter les responsabilités déjà lourdes de ceux qui m'ont connu, car il est écrit : "Tu ne feras pas tomber l'aveugle." Je ne suis pas né de la chair, ni de la volonté de l'homme ; je suis né de l'esprit. Mon nom, celui qui est à moi et de moi, celui que j'ai choisi pour paraître au milieu de vous voilà celui que je réclame.

Celui dont on m'appela à ma naissance, ce qu'on m'a donné dans ma jeunesse, ce sous lesquels, en d'autres temps et lieux, je fus connu, je les ai laissés, comme j'aurais laissé des vêtements démodés et désormais inutiles.

Me voici : le suis Noble et Voyageur ; je parle, et votre âme frémit en reconnaissant d'anciennes paroles ; une voix, qui est en vous, et qui s'était tue depuis bien longtemps, répond à l'appel de la mienne ; j'agis, et la paix revient en vos coeurs, la santé dans vos corps, l'espoir et le courage dans vos âmes. Tous les hommes sont mes frères ; tous les pays me sont chers ; je les parcours pour que, partout, l'Esprit puisse descendre et trouver un chemin vers vous. Je ne demande aux rois, dont je respecte la puissance, que l'hospitalité sur leurs terres, et, lorsqu'elle m'est accordée, je passe, faisant autour de moi le plus de bien possible ; mais je ne fais que passer. Suis-je un Noble Voyageur ?

Comme le vent du Sud, comme l'éclatante lumière du Midi qui caractérise la pleine connaissance des choses et la communion active avec Dieu, je viens vers le Nord, vers la brume et le froid, abandonnant partout à mon passage quelques parcelles de moi, me dépensant, me diminuant à chaque station, mais vous laissant un peu de clarté, un peu de chaleur, un peu de force, jusqu'à ce que je sois enfin arrêté et fixé définitivement au terme de ma carrière, à l'heure où la rose fleurira sur la croix. Je suis Cagliostro.

Pourquoi vous faut-il quelque chose de plus ? Si vous étiez des enfants de Dieu, si votre âme n'était pas si vaine et si curieuse, vous auriez déjà compris !

Mais il vous faut des détails, des signes et des paraboles. Or, écoutez ! Remontons bien loin dans le passé, puisque vous le voulez.

Toute lumière vient de l'Orient ; toute initiation, de l'Égypte ; j'ai eu trois ans comme vous, puis sept ans, puis l'âge d'homme, et, à partir de cet âge, je n'ai plus compté. Trois septénaires d'années font vingt et un ans et réalisent la plénitude du développement humain. Dans ma première enfance, sous la loi de rigueur et justice, j'ai souffert en exil, comme Israël parmi les nations étrangères.

Mais, comme Israël avait avec lui la présence de Dieu, comme un Metatron le gardait en ses chemins, de même un ange puissant veillait sur moi, dirigeait mes actes, éclairait mon âme, développant les forces latentes en moi. Lui était mon maître et mon guide.

Ma raison se formait et se précisait ; je m'interrogeais, je m'étudiais et je prenais conscience de tout ce qui m'entourait ; j'ai fait des voyages, plusieurs voyages, tant autour de la chambre de mes réflexions que dans les temples et dans les quatre parties du monde ; mais lorsque je voulais pénétrer l'origine de mon être et monter vers Dieu dans un élan de mon âme, alors, ma raison impuissante se taisait et me laissait livré à mes conjectures. Un amour qui m'attirait vers toute créature d'une façon impulsive, une ambition irrésistible, un sentiment profond de mes droits à toute chose de la Terre au Ciel, me poussaient et me jetaient vers la vie, et l'expérience progressive de mes forces, de leur sphère d'action, de leur jeu et de leurs limites, fut la lutte que j'eus à soutenir contre les puissances du monde ; je fus abandonné et tenté dans le désert ; j'ai lutté avec l'ange comme Jacob, avec les hommes et avec les démons, et ceux-ci, vaincus, m'ont appris les secrets, qui concernent l'empire des ténèbres pour que je ne puisse jamais m'égarer dans aucune des routes d'où l'on ne revient pas.

Un jour après combien de voyages et d'années le Ciel exauça mes efforts : il se souvint de son serviteur et, revêtu d'habits nuptiaux, j'eus la grâce d'être admis, comme Moïse, devant l'Eternel. Dès lors je reçus, avec un nom nouveau, une mission unique. Libre et maître de la vie, je ne songeai plus qu'à l'employer pour l'oeuvre de Dieu. Je savais qu'il confirmerait mes actes et mes paroles, comme je confirmerais son nom et son royaume sur la terre. Il y a des êtres qui n'ont plus d'anges gardiens ; je fus de ceux-là.

Voilà mon enfance, ma jeunesse, telle que votre esprit inquiet et désireux de mots la réclame ; mais qu'elle ait duré plus ou moins d'années, qu'elle se soit écoulée au pays de vos pères ou dans d'autres contrées, qu'importe à vous ? Ne suis-je pas un homme libre ? Jugez mes moeurs, c'est-à-dire mes actions ; dites si elles sont bonnes, dites si vous en avez vu de plus puissantes, et, dès lors, ne vous occupez pas de ma nationalité, de mon rang et de ma religion.

Si, poursuivant le cours heureux de ses voyages, quelqu'un d'entre vous aborde un jour à ces terres d'Orient qui m'ont vu naître, qu'il se souvienne seulement de moi, qu'il prononce mon nom, et les serviteurs de mon père ouvriront devant lui les portes de la Ville Sainte. Alors, qu'il revienne dire à ses frères si j'ai abusé parmi vous d'un prestige mensonger, si j'ai pris dans vos demeures quelque chose qui ne m'appartenait pas ! »


(source : Alchimie et Hermétisme)


Un compte rendu d'une transmutation effectuée par Cagliostro

Giuseppe Balsamo, Conte di Cagliostro, buste de Jean-Antoine Houdon, National Gallery of Art, Washington, 1786

Voici un rapport détaillé relatant la façon dont, le 7 juin 1780, Cagliostro fît de l’argent dans une loge maçonnique de Varsovie, tel que l’un de ses membres le consigna dans une description de cette expérience.

Cagliostro me fît peser une livre de mercure que je possédais, déjà purifié.

Avant cela, il m’avait ordonné de distiller de l’eau de pluie jusqu’à ce que tout le liquide s’évapore, laissant un dépôt qu’il appelait Terre Vierge ou secunda materia. Il en resta environs 16 grains. Sur ses instructions, j’avais également préparé un extrait de plomb. Après que tous ces préparatifs furent achevés, il vint à la loge et me confia la tâche d’exécuter l’ensemble de l’opération de mes propres mains. Je fis ceci selon ses instructions dans l’ordre suivant :

« La Terre Vierge fut placée dans un ballon et la moitié du mercure y fut ajoutée. J’additionnais alors 30 gouttes d’extrait de plomb. Lorsque j’agitais un peu la fiole, le mercure apparut comme mort ou fortement congelé. Je versais alors le supplément d’extrait de plomb sur le mercure restant qui demeura non altéré. J’eus alors à placer ensemble les deux portions de mercure dans un ballon plus grand. Après l’avoir agité, tout le contenu pris en quelque sorte la même consistance solide. La couleur tourna au gris sale. L’ensemble fut alors agité dans un vase à moitié rempli. Cagliostro me donna ensuite un petit morceau de papier se révélant n’être que l’emballage de deux autres boulettes. Elles contenaient une poudre brillante de couleur carmin[1] pesant sans doute un dixième de grain. La poudre fut mélangée dans le récipient et Cagliostro avala alors les trois papiers d’emballage. Pendant ce temps, je recouvrais le contenu du vase de plâtre de Paris préalablement préparé avec de l’eau chaude. Comme le récipient était rempli, Cagliostro le prit de mes mains, y ajoutant encore plus de plâtre de Paris et pressant fortement le tout de ses propres mains. Il me le rendit afin de sécher l’ensemble sur un feu de charbon de bois. Le vase fut placé dans un lit de cendres sur la fournaise à soufflerie. Le feu fut allumé et le récipient laissé ainsi pendant une demi-heure. Puis on le retira du feu grâce à une paire de pinces et on le transporta dans la loge. Le vase y fut brisé et dans le fond reposait une masse d’argent pesant 14 onces et demi. »


(source : Alchimie et Hermétisme)

Notes et références

  1. NDE : Voir la "Poudre de Projection", autre nom de la "Pierre Philosophale".