« Sepher Yetzirah » : différence entre les versions

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Jusqu'ici tout est parfaitement conforme aux procédés de la raison ; mais, au lieu de chercher dans l'univers les lois qui le régissent, pour lire ensuite dans ces lois elles-mêmes la pensée et la sagesse divines, on s'efforce d'établir une grossière analogie entre les choses et les signes de la pensée, ou les moyens par lesquels la sagesse se fait entendre et se conserve parmi les hommes. Remarquons, avant d'aller plus loin, que le mysticisme, en quelque temps et sous quelque forme qu'il se manifeste, attache une importance sans mesure à tout ce qui peut représenter au dehors les actes de l'intelligence, et il n y a pas encore si longtemps qu'un écrivain très connu parmi nous a voulu prouver que l'écriture n’est pas une invention de l'humanité, mais un présent de la révélation<ref>M. de Bonald, ''Recherches philosophiques'', chap. III. Voyez aussi M. de Maistre, ''Soirées de Saint-Pétersbourg'', t.II, p.112 et seq.</ref>. Ici il s'agit des vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu et des dix premiers nombres qui, en conservant leur propre valeur, servent encore à l'expression de tous les autres Réunies sous un point de vue commun, ces deux sortes de signes sont appelées les trente-deux voies merveilleuses de la Sagesse,  
Jusqu'ici tout est parfaitement conforme aux procédés de la raison ; mais, au lieu de chercher dans l'univers les lois qui le régissent, pour lire ensuite dans ces lois elles-mêmes la pensée et la sagesse divines, on s'efforce d'établir une grossière analogie entre les choses et les signes de la pensée, ou les moyens par lesquels la sagesse se fait entendre et se conserve parmi les hommes. Remarquons, avant d'aller plus loin, que le mysticisme, en quelque temps et sous quelque forme qu'il se manifeste, attache une importance sans mesure à tout ce qui peut représenter au dehors les actes de l'intelligence, et il n y a pas encore si longtemps qu'un écrivain très connu parmi nous a voulu prouver que l'écriture n’est pas une invention de l'humanité, mais un présent de la révélation<ref>M. de Bonald, ''Recherches philosophiques'', chap. III. Voyez aussi M. de Maistre, ''Soirées de Saint-Pétersbourg'', t.II, p.112 et seq.</ref>. Ici il s'agit des vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu et des dix premiers nombres qui, en conservant leur propre valeur, servent encore à l'expression de tous les autres Réunies sous un point de vue commun, ces deux sortes de signes sont appelées les trente-deux voies merveilleuses de la Sagesse,  


<blockquote>« avec lesquelles, dit le texte, l'Eternel, le Seigneur des armées, le Dieu d'Israël, le Dieu vivant, le Roi de l'univers, le Dieu plein de miséricorde et de grâce, le Dieu sublime, qui demeure dans l'éternité, le Dieu élevé et saint a fondé son noms ».</blockquote>  
<blockquote>« avec lesquelles, dit le texte, l'Eternel, le Seigneur des armées, le Dieu d'Israël, le Dieu vivant, le Roi de l'univers, le Dieu plein de miséricorde et de grâce, le Dieu sublime, qui demeure dans l'éternité, le Dieu élevé et saint a fondé son nom<ref>Premier chapitre, première [[mischna]].</ref> ».</blockquote>  


A ces trente-deux voies de la Sagesse, qu'il ne faut pas confondre avec les distinctions subtiles, et d'un ordre tout différent, admises à leur place par les kabbalistes modernes, il faut ajouter trois autres formes, désignées par trois termes d'un sens très douteux, mais qui ont certainement, au moins par leur généalogie grammaticale, une très grande ressemblance avec ceux qui en grec désignent le sujet, l'objet et l'acte même de la pensée. Nous croyons avoir démontré précédemment que ces mots détachés sont entièrement étrangers au texte. Cependant nous ne pouvons pas laisser ignorer qu'ils ont été compris tout différemment et d'une manière qui ne répugne ni au caractère général du livre, ni aux lois de l'étymologie, par l'auteur espagnol que nous avons nommé un peu plus haut. Voici comment il s'exprime à ce sujet :  
A ces trente-deux voies de la Sagesse, qu'il ne faut pas confondre avec les distinctions subtiles, et d'un ordre tout différent, admises à leur place par les kabbalistes modernes<ref>Introduction au commentaire d'Abraham ben Daoud sur le '''''Sepher ietzirah''''', édition de Mantoue. </ref>, il faut ajouter trois autres formes, désignées par trois termes d'un sens très douteux, mais qui ont certainement, au moins par leur généalogie grammaticale, une très grande ressemblance avec ceux qui en grec désignent le sujet, l'objet et l'acte même de la pensée<ref> premier chapitre, première proposition. </ref>. Nous croyons avoir démontré précédemment que ces mots détachés sont entièrement étrangers au texte. Cependant nous ne pouvons pas laisser ignorer qu'ils ont été compris tout différemment et d'une manière qui ne répugne ni au caractère général du livre, ni aux lois de l'étymologie, par l'auteur espagnol que nous avons nommé un peu plus haut. Voici comment il s'exprime à ce sujet :  


<blockquote>« Par le premier de ces trois termes (Sephar), on veut désigner les nombres, qui seuls nous offrent un moyen d'apprécier la disposition et les proportions nécessaires à chaque corps pour atteindre le but dans lequel il a été créé; et la mesure de longueur, la mesure de capacité et la mesure de poids, et le mouvement, et l'harmonie toutes ces choses sont réglées par le nombre. Le second terme (Sipur) veut dire la parole et la voix, parce que c'est la parole divine, c'est la voix du Dieu vivant qui a produit les êtres sous leurs diverses formes, soit extérieures, soit intérieures; c'est à elle qu'on a fait allusion dans ces mots: es Dieu dit que la lumière soit, « et la lumière fut ». Enfin, le troisième terme (Sépher) signifie l'écriture. L'écriture de Dieu, c'est l'oeuvre de la création; la parole de Dieu, c'est son écriture ; la pensée de Dieu, c'est sa parole. Ainsi, la pensée, la parole et l'écriture ne sont en Dieu qu'une seule chose, tandis que dans l'homme elles sont trois. »</blockquote>  
<blockquote>« Par le premier de ces trois termes (Sephar), on veut désigner les nombres, qui seuls nous offrent un moyen d'apprécier la disposition et les proportions nécessaires à chaque corps pour atteindre le but dans lequel il a été créé; et la mesure de longueur, la mesure de capacité et la mesure de poids, et le mouvement, et l'harmonie toutes ces choses sont réglées par le nombre. Le second terme (Sipur) veut dire la parole et la voix, parce que c'est la parole divine, c'est la voix du Dieu vivant qui a produit les êtres sous leurs diverses formes, soit extérieures, soit intérieures; c'est à elle qu'on a fait allusion dans ces mots: es Dieu dit que la lumière soit, « et la lumière fut ». Enfin, le troisième terme (Sépher) signifie l'écriture. L'écriture de Dieu, c'est l'oeuvre de la création; la parole de Dieu, c'est son écriture ; la pensée de Dieu, c'est sa parole. Ainsi, la pensée, la parole et l'écriture ne sont en Dieu qu'une seule chose, tandis que dans l'homme elles sont trois. »</blockquote>  
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(source : ''[[La Kabbale ou la philosophie religieuse des Hébreux]]'' d'[[Adolphe Franck]], pp.103-119)
(source : ''[[La Kabbale ou la philosophie religieuse des Hébreux]]'' d'[[Adolphe Franck]], pp.103-119)


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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