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« Sepher Yetzirah » : différence entre les versions

2 407 octets ajoutés ,  1 mai 2009
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A ces trente-deux voies de la Sagesse, qu'il ne faut pas confondre avec les distinctions subtiles, et d'un ordre tout différent, admises à leur place par les kabbalistes modernes<ref>Introduction au commentaire d'Abraham ben Daoud sur le '''''Sepher ietzirah''''', édition de Mantoue. </ref>, il faut ajouter trois autres formes, désignées par trois termes d'un sens très douteux, mais qui ont certainement, au moins par leur généalogie grammaticale, une très grande ressemblance avec ceux qui en grec désignent le sujet, l'objet et l'acte même de la pensée<ref>בםפר וםפר וםפור, premier chapitre, première proposition. </ref>. Nous croyons avoir démontré précédemment que ces mots détachés sont entièrement étrangers au texte. Cependant nous ne pouvons pas laisser ignorer qu'ils ont été compris tout différemment et d'une manière qui ne répugne ni au caractère général du livre, ni aux lois de l'étymologie, par l'auteur espagnol que nous avons nommé un peu plus haut. Voici comment il s'exprime à ce sujet :  
A ces trente-deux voies de la Sagesse, qu'il ne faut pas confondre avec les distinctions subtiles, et d'un ordre tout différent, admises à leur place par les kabbalistes modernes<ref>Introduction au commentaire d'Abraham ben Daoud sur le '''''Sepher ietzirah''''', édition de Mantoue. </ref>, il faut ajouter trois autres formes, désignées par trois termes d'un sens très douteux, mais qui ont certainement, au moins par leur généalogie grammaticale, une très grande ressemblance avec ceux qui en grec désignent le sujet, l'objet et l'acte même de la pensée<ref>בםפר וםפר וםפור, premier chapitre, première proposition. </ref>. Nous croyons avoir démontré précédemment que ces mots détachés sont entièrement étrangers au texte. Cependant nous ne pouvons pas laisser ignorer qu'ils ont été compris tout différemment et d'une manière qui ne répugne ni au caractère général du livre, ni aux lois de l'étymologie, par l'auteur espagnol que nous avons nommé un peu plus haut. Voici comment il s'exprime à ce sujet :  


<blockquote>« Par le premier de ces trois termes (Sephar), on veut désigner les nombres, qui seuls nous offrent un moyen d'apprécier la disposition et les proportions nécessaires à chaque corps pour atteindre le but dans lequel il a été créé; et la mesure de longueur, la mesure de capacité et la mesure de poids, et le mouvement, et l'harmonie toutes ces choses sont réglées par le nombre. Le second terme (Sipur) veut dire la parole et la voix, parce que c'est la parole divine, c'est la voix du Dieu vivant qui a produit les êtres sous leurs diverses formes, soit extérieures, soit intérieures; c'est à elle qu'on a fait allusion dans ces mots: es Dieu dit que la lumière soit, « et la lumière fut ». Enfin, le troisième terme (Sépher) signifie l'écriture. L'écriture de Dieu, c'est l'oeuvre de la création; la parole de Dieu, c'est son écriture ; la pensée de Dieu, c'est sa parole. Ainsi, la pensée, la parole et l'écriture ne sont en Dieu qu'une seule chose, tandis que dans l'homme elles sont trois. »</blockquote>  
<blockquote>« Par le premier de ces trois termes (Sephar), on veut désigner les nombres, qui seuls nous offrent un moyen d'apprécier la disposition et les proportions nécessaires à chaque corps pour atteindre le but dans lequel il a été créé; et la mesure de longueur, la mesure de capacité et la mesure de poids, et le mouvement, et l'harmonie toutes ces choses sont réglées par le nombre. Le second terme (Sipur) veut dire la parole et la voix, parce que c'est la parole divine, c'est la voix du Dieu vivant qui a produit les êtres sous leurs diverses formes, soit extérieures, soit intérieures; c'est à elle qu'on a fait allusion dans ces mots: es Dieu dit que la lumière soit, « et la lumière fut ». Enfin, le troisième terme (Sépher) signifie l'écriture. L'écriture de Dieu, c'est l'oeuvre de la création; la parole de Dieu, c'est son écriture ; la pensée de Dieu, c'est sa parole. Ainsi, la pensée, la parole et l'écriture ne sont en Dieu qu'une seule chose, tandis que dans l'homme elles sont trois<ref>« Quizo dezir en la palabra ''Sephar'' la cantidad y el peso de los cuerpos criados, por quanto la cantidad en modo que sea el cuerpo ordenado y proporcionado, apto para lo que es criado, no es sino por numero ; y la medida, y la cantidad, y el peso, y la proporzion de los movimientos, y la orden de la harmonia todo es por numero, que es lo que quiere dezir ''Sephar''. Y ''Sipur'' quiere dezir la habla e la voz, pero es habla divina, voz de palabras de Dios vivo, con laqual es la existencia de la cosa en su forma exterior y enterior, de laqual se habla, come dixo, y ''dixo Dios sea luz, y fue luz''. Y ''Sepher'' quiere dezir la escritura ; y la escritura de Dios son sus criaciones ; y la palabra de Dios es su escritura ; y la consideracion de Dios es su palabra conque el ''Sephar'', y el ''Sipur'', y el ''Sepher'' en Dios son una cosa, y en el hombre son tres. » Cuzary, ''Discors.'', 4, § 25.</ref>. »</blockquote>  


Cette explication a d'ailleurs le mérite de caractériser assez bien, tout en l'ennoblissant, ce bizarre système qui confond la pensée avec des symboles généralement conçus, pour la rendre en quelque sorte visible, et dans l'ensemble et dans les diverses parties de l'univers.  
Cette explication a d'ailleurs le mérite de caractériser assez bien, tout en l'ennoblissant, ce bizarre système qui confond la pensée avec des symboles généralement conçus, pour la rendre en quelque sorte visible, et dans l'ensemble et dans les diverses parties de l'univers.  


Sous le nom de Sephiroth, qui joue ailleurs un si grand rôle, mais qui entre ici pour la première fois dans le langage de la kabbale, on s'occupe d'abord des dix nombres ou numérations abstraites. Elles sont représentées comme les formes les plus générales, par conséquent les plus essentielles de tout ce qui est, et, si je puis m'exprimer ainsi comme les catégories de l'univers. Nous voulons dire qu'en cherchant, n'importe de quel point de vue, les premiers éléments ou les principes invariables du monde, on doit d'après les idées dont nous sommes l'interprète, rencontre ; toujours le nombre dix.  
Sous le nom de ''Sephiroth'', qui joue ailleurs un si grand rôle, mais qui entre ici pour la première fois dans le langage de la kabbale, on s'occupe d'abord des dix nombres ou ''numérations abstraites''<ref>Cette expression seule, aussi bien que les développements dont elle est suivie, ne permet pas d'adopter un autre sens, comme celui de sphère, fondé sur l'étymologie grecque , ou l'idée de lumière, exprimée par le mot ''saphir''. Le livre de Raziel, malgré les extravagances qu'il contient, ne s'éloigne pas, sur ce point, de la vérité. Raziel, édition d'Amsterdam, fol. 8, verso. </ref>. Elles sont représentées comme les formes les plus générales, par conséquent les plus essentielles de tout ce qui est, et, si je puis m'exprimer ainsi comme les catégories de l'univers. Nous voulons dire qu'en cherchant, n'importe de quel point de vue, les premiers éléments ou les principes invariables du monde, on doit d'après les idées dont nous sommes l'interprète, rencontre ; toujours le nombre dix.  


<blockquote>« Il y a dix Sephiroth ; dix et non pas neuf, dix et non onze ; fais en sorte que tu les comprennes dans ta sagesse et dans ton intelligence; que sur elles s’exercent constamment tes recherches, tes spéculations, ton savoir, la pensée et ton imagination; fais reposer les choses sur leur principe, et rétablis le Créateur sur sa base. »</blockquote>  
<blockquote>« Il y a dix Sephiroth ; dix et non pas neuf, dix et non onze ; fais en sorte que tu les comprennes dans ta sagesse et dans ton intelligence; que sur elles s’exercent constamment tes recherches, tes spéculations, ton savoir, la pensée et ton imagination; fais reposer les choses sur leur principe, et rétablis le Créateur sur sa base<ref>Chap. 1{{er}}, propo. 9.</ref>. »</blockquote>  


En d'autres termes, et l'action divine et l’existence du monde se dessinent également aux yeux de l’intelligence sous cette forme abstraite de dix nombres, dont chacun représente quelque chose d'infini, soit en étendue, soit en durée, soit par tout autre attribut. Tel est du moins le sens que nous attachons à la proposition suivante :  
En d'autres termes, et l'action divine et l’existence du monde se dessinent également aux yeux de l’intelligence sous cette forme abstraite de dix nombres, dont chacun représente quelque chose d'infini, soit en étendue, soit en durée, soit par tout autre attribut. Tel est du moins le sens que nous attachons à la proposition suivante :  


<blockquote>« Pour les dix Sephiroth, il n'y a pas de fin ni dans l'avenir, ni dans le passé, ni dans le bien, ni dans le mal, ni en élévation, ni en profondeur, ni à l'orient, ni à l'occident, ni au midi, ni au nord. »</blockquote>  
<blockquote>« Pour les dix Sephiroth, il n'y a pas de fin ni dans l'avenir, ni dans le passé, ni dans le bien, ni dans le mal, ni en élévation, ni en profondeur, ni à l'orient, ni à l'occident, ni au midi, ni au nord<ref>Chap. 1{{er}}, prop. 4.</ref>. »</blockquote>  


Il faut remarquer que les divers aspects sous lesquels on considère ici l'infini sont au nombre de dix, ni plus ni moins ; par conséquent, nous n'apprenons pas seulement, dans ce passage, quel doit être le caractère général de toutes les Sephiroth ; nous y vouons de plus à quels principes, à quels éléments elles correspondent. Et comme ces différents points de vue, quoique opposés deux à deux, appartiennent cependant à une seule idée, à un seul infini, on ajoute :  
Il faut remarquer que les divers aspects sous lesquels on considère ici l'infini sont au nombre de dix, ni plus ni moins ; par conséquent, nous n'apprenons pas seulement, dans ce passage, quel doit être le caractère général de toutes les Sephiroth ; nous y vouons de plus à quels principes, à quels éléments elles correspondent. Et comme ces différents points de vue, quoique opposés deux à deux, appartiennent cependant à une seule idée, à un seul infini, on ajoute :  


<blockquote>« Les dix Sephiroth sont comme les doigts de la main, au nombre de dix, et cinq contre cinq ; mais au milieu d'elles est l’alliance de l'unité. »</blockquote>  
<blockquote>« Les dix Sephiroth sont comme les doigts de la main, au nombre de dix, et cinq contre cinq ; mais au milieu d'elles est l’alliance de l'unité<ref>Chap. 1{{er}}, prop. 3.</ref>. »</blockquote>  


Ces derniers mots nous fournissent à la fois l'explication et la preuve de tout ce qui précède.  
Ces derniers mots nous fournissent à la fois l'explication et la preuve de tout ce qui précède.  
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Cette manière d'entendre les dix Sephiroth, sans sortir précisément des rapports que présentent les choses extérieures, a cependant un caractère éminemment abstrait et métaphysique. Si nous voulions la soumettre à une analyse sévère, nous y trouverions, subordonnées à l'infini et à l'unité absolue, les idées de durée, d'espace et d'un certain ordre invariable sans lequel il n'y a ni bien ni mal, même dans la sphère des sens. Mais voici une énumération un peu différente, qui, au moins en apparence, fait une plus grande part aux éléments matériels. Nous nous bornons à traduire.  
Cette manière d'entendre les dix Sephiroth, sans sortir précisément des rapports que présentent les choses extérieures, a cependant un caractère éminemment abstrait et métaphysique. Si nous voulions la soumettre à une analyse sévère, nous y trouverions, subordonnées à l'infini et à l'unité absolue, les idées de durée, d'espace et d'un certain ordre invariable sans lequel il n'y a ni bien ni mal, même dans la sphère des sens. Mais voici une énumération un peu différente, qui, au moins en apparence, fait une plus grande part aux éléments matériels. Nous nous bornons à traduire.  


<blockquote>« La première des Sephiroth, un, c'est l'esprit du Dieu vivant ; béni soit son nom, béni soit le nom de celui qui vit dans l'éternité ! L'esprit, la voix et la parole, voilà l'esprit saint. <br />
<blockquote>« La première des Sephiroth, ''un'', c'est l'esprit du Dieu vivant ; béni soit son nom, béni soit le nom de celui qui vit dans l'éternité ! L'esprit, la voix et la parole, voilà l'esprit saint. <br />
Deux, c'est le souffle qui vient de l'esprit : en lui sont gravées et sculptées les vingt-deux lettres qui ne forment cependant qu'un souffle unique. <br />
''Deux'', c'est le souffle qui vient de l'esprit<ref>En hébreu, le même mot désigne à la fois l'air et l'esprit : nous aurions donc pu dire aussi bien ''l'esprit qui vient de l'esprit''. Mais alors il faudrait admettre, dans la proposition suivante, que l'esprit a engendré l'eau, ce qui est, sans contredit, moins probable que la version à laquelle s'est arrêté notre choix. D'ailleurs, le premier nombre ne présente pas Dieu lui-même, mais l'esprit de Dieu ; le second, par conséquent, ne peut être que l'expression de cet esprit, le souffle ou l'haleine dans laquelle viennent se résoudre, en quelque sorte, les vingt-deux lettres. Considéré sous ce point de vue, l'air, sans être trop éloigné des régions de l'esprit, peut déjà être compté parmi les trois éléments matériels, si positivement désignés dans les chapitres suivants. </ref> : en lui sont gravées et sculptées les vingt-deux lettres qui ne forment cependant qu'un souffle unique. <br />
Trois, c'est l'eau qui vient du souffle ou de l'air. C'est dans l'eau qu'il a creusé les ténèbres et le vide, qu'il a formé la terre et l'argile, étendue ensuite en forme de tapis, sculptée en forme de mur et couverte comme d'un toit. <br />
''Trois'', c'est l'eau qui vient du souffle ou de l'air. C'est dans l'eau qu'il a creusé les ténèbres et le vide, qu'il a formé la terre et l'argile, étendue ensuite en forme de tapis, sculptée en forme de mur et couverte comme d'un toit. <br />
Quatre, c'est le feu qui vient de l'eau, et avec lequel il le a fait le trône de sa gloire, les roues célestes (ophanim), les séraphins et les anges serviteurs Avec les trois ensemble il a construit son habitation ainsi qu'il est écrit : Il fait des vents ses messagers, et des feux enflammés ses serviteurs.»</blockquote>
''Quatre'', c'est le feu qui vient de l'eau, et avec lequel il le a fait le trône de sa gloire, les roues célestes (''[[ophanim]]''), les séraphins et les anges serviteurs Avec les trois ensemble il a construit son habitation ainsi qu'il est écrit : Il fait des vents ses messagers, et des feux enflammés ses serviteurs.»</blockquote>


Les six nombres suivants représentent les différentes extrémités du monde, c'est-à-dire les quatre points cardinaux, plus la hauteur et la profondeur Ces extrémités ont aussi pour emblèmes les diverses combinaisons qu'on peut former avec les trois premières lettres du mot Jéhovah.  
Les six nombres suivants représentent les différentes extrémités du monde, c'est-à-dire les quatre points cardinaux, plus la hauteur et la profondeur Ces extrémités ont aussi pour emblèmes les diverses combinaisons qu'on peut former avec les trois premières lettres du mot ''Jéhovah''<ref>Chap. 1{{er}}, de la propos. 9 à la propos. 12. </ref>.  


Ainsi, à part les différents points qu'on peut distinguer dans l'espace, et qui n'ont par eux-mêmes rien de réel, tous les éléments dont ce monde est composé sont sortis les uns des autres, en prenant un caractère de plus en plus matériel, à mesure qu'ils s'éloignent de l'esprit saint, leur commune origine N'est-ce pas cela qu'on appelle la doctrine de l'émanation ? N'est-ce pas cette doctrine qui nie la croyance populaire que le monde a été tiré du néant ? Les paroles suivantes nous aideront peut-être à sortir de l'incertitude :  
Ainsi, à part les différents points qu'on peut distinguer dans l'espace, et qui n'ont par eux-mêmes rien de réel, tous les éléments dont ce monde est composé sont sortis les uns des autres, en prenant un caractère de plus en plus matériel, à mesure qu'ils s'éloignent de l'esprit saint, leur commune origine N'est-ce pas cela qu'on appelle la doctrine de l'émanation ? N'est-ce pas cette doctrine qui nie la croyance populaire que le monde a été tiré du néant ? Les paroles suivantes nous aideront peut-être à sortir de l'incertitude :  


<blockquote>« La fin des Sephiroth se lie à leur principe comme la flamme est unie au tison, car le Seigneur est un, et il n'y en a pas un second. Or, en présence de l'un, que sont les nombres et les paroles ? »</blockquote>  
<blockquote>« La fin des Sephiroth se lie à leur principe comme la flamme est unie au tison, car le Seigneur est un, et il n'y en a pas un second. Or, en présence de l'un, que sont les nombres et les paroles<ref>Propos. 5.</ref> ? »</blockquote>  


Pour ne pas nous laisser ignorer qu'il s'agit ici d'un grand mystère qui nous commande la discrétion jusqu'avec nous-mêmes, on ajoute immédiatement :  
Pour ne pas nous laisser ignorer qu'il s'agit ici d'un grand mystère qui nous commande la discrétion jusqu'avec nous-mêmes, on ajoute immédiatement :  


<blockquote>« Ferme ta bouche poux ne pas en parler, et ton coeur pour ne pas y réfléchir; et si ton coeur s'est échappé, ramène-le à sa place ; car c'est pour cela que l'alliance a été faîte. »</blockquote>
<blockquote>« Ferme ta bouche poux ne pas en parler, et ton coeur pour ne pas y réfléchir; et si ton coeur s'est échappé, ramène-le à sa place ; car c'est pour cela que l'alliance a été faite<ref>Chap. 1{{er}}, prop. 6.</ref>. »</blockquote>


Je suppose qu'on veut, par ces derniers mots, faire allusion à quelque serment en usage parmi les kabbalistes, pour dérober leurs principes à la connaissance de la multitude. Quant au premier de ces deux passages, la singulière comparaison qu'il renferme est assez fréquemment répétée dans le Zohar : nous la retrouverons étendue, développée et appliquée à l'âme aussi bien qu'il Dieu. Ajoutons à cela que dans tous les temps et dans toutes les sphères de l'existence, dans la conscience aussi bien que dans la nature extérieure, la formation des choses par voie d'émanation a été représentée par le rayonnement de la flamme ou de la lumière.  
Je suppose qu'on veut, par ces derniers mots, faire allusion à quelque serment en usage parmi les kabbalistes, pour dérober leurs principes à la connaissance de la multitude. Quant au premier de ces deux passages, la singulière comparaison qu'il renferme est assez fréquemment répétée dans le ''[[Zohar]]'' : nous la retrouverons étendue, développée et appliquée à l'âme aussi bien qu'il Dieu. Ajoutons à cela que dans tous les temps et dans toutes les sphères de l'existence, dans la conscience aussi bien que dans la nature extérieure, la formation des choses par voie d'émanation a été représentée par le rayonnement de la flamme ou de la lumière.  


A cette théorie, si toutefois nous ne faisons pas une distinction plus apparente que réelle, s'en mêle une autre qui a fait un chemin plus brillant dans le monde, et qui se présente ici avec un caractère remarquable : c'est celle du verbe, la parole de Dieu identifiée avec son esprit, et considérée, non pas seulement comme la forme absolue, mais comme l'élément générateur et la substance même de l'univers. En effet, il ne s'agit plus, comme dans la traduction chaldaïque d'Onkelos, de substituer partout, pour anéantir l'anthropomorphisme, la pensée ou l'inspiration divine à Dieu lui-même, lorsqu'il intervient comme une personne humaine dans les récits bibliques : le livre que nous avons sous les yeux affirme expressément, dans un langage concis mais pourtant clair, que l'esprit saint, ou l'esprit du Dieu vivant, forme, avec la voix et la parole, une seule et même chose ; qu'il a successivement comme rejeté de son sein tous les éléments de la nature physique ; enfin, il n'est pas seulement ce qu'on appellerait, dans la langue d'Aristote, le principe matériel des choses ; il est le verbe devenu monde. Du reste, il faut nous rappeler que, dans cette partie de la kabbale, il n'est question que du monde, et non de l'homme ou de l'humanité.  
A cette théorie, si toutefois nous ne faisons pas une distinction plus apparente que réelle, s'en mêle une autre qui a fait un chemin plus brillant dans le monde, et qui se présente ici avec un caractère remarquable : c'est celle du verbe, la parole de Dieu identifiée avec son esprit, et considérée, non pas seulement comme la forme absolue, mais comme l'élément générateur et la substance même de l'univers. En effet, il ne s'agit plus, comme dans la traduction chaldaïque d'Onkelos, de substituer partout, pour anéantir l'anthropomorphisme, la pensée ou l'inspiration divine à Dieu lui-même, lorsqu'il intervient comme une personne humaine dans les récits bibliques : le livre que nous avons sous les yeux affirme expressément, dans un langage concis mais pourtant clair, que l'esprit saint, ou l'esprit du Dieu vivant, forme, avec la voix et la parole, une seule et même chose ; qu'il a successivement comme rejeté de son sein tous les éléments de la nature physique ; enfin, il n'est pas seulement ce qu'on appellerait, dans la langue d'Aristote, le principe matériel des choses ; il est le verbe devenu monde. Du reste, il faut nous rappeler que, dans cette partie de la kabbale, il n'est question que du monde, et non de l'homme ou de l'humanité.  


Toutes ces considérations sur les dix premiers nombres occupent une place très distincte dans le Livre de la création. Il est facile de voir qu'elles s'appliquent à l'univers en général, et qu'elles regardent plutôt la substance que la forme. Dans celles que nous avons devant nous, on compare entre elles les diverses parties de l'univers, on s'efforce de les ramener sous une loi commune, comme on a voulu précédemment les résoudre en un principe commun ; on y donne enfin plus d'attention à la forme qu'à la substance. Elles ont pour base les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu. Mais il faut songer au rôle extraordinaire qui, déjà dans la première partie, est attribué à ces signes extérieurs de la pensée. Considérés seulement par rapport aux sons qu'ils représentent, ils se trouvent, pour ainsi dire, sur la limite du monde intellectuel et du monde physique ; car si, d'une part, ils viennent se résoudre dans un seul élément matériel, qui est le souffle ou l'air, de l'autre ils sont les signes indispensables à toutes les langues, et par conséquent la seule forme possible ou la forme invariable de l'esprit. Ni l'ensemble du système ni le sens littéral ne nous permettent d'interpréter différemment ces mots déjà cités plus haut :  
Toutes ces considérations sur les dix premiers nombres occupent une place très distincte dans le ''Livre de la création''. Il est facile de voir qu'elles s'appliquent à l'univers en général, et qu'elles regardent plutôt la substance que la forme. Dans celles que nous avons devant nous, on compare entre elles les diverses parties de l'univers, on s'efforce de les ramener sous une loi commune, comme on a voulu précédemment les résoudre en un principe commun ; on y donne enfin plus d'attention à la forme qu'à la substance. Elles ont pour base les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu. Mais il faut songer au rôle extraordinaire qui, déjà dans la première partie, est attribué à ces signes extérieurs de la pensée. Considérés seulement par rapport aux sons qu'ils représentent, ils se trouvent, pour ainsi dire, sur la limite du monde intellectuel et du monde physique ; car si, d'une part, ils viennent se résoudre dans un seul élément matériel, qui est le souffle ou l'air, de l'autre ils sont les signes indispensables à toutes les langues, et par conséquent la seule forme possible ou la forme invariable de l'esprit. Ni l'ensemble du système ni le sens littéral ne nous permettent d'interpréter différemment ces mots déjà cités plus haut :  


<blockquote>« Le nombre deux (ou le second principe de l'univers), c'est l'air qui vient de l'esprit ; c'est le souffle dans lequel sont gravées et sculptées les vingt-deux lettres qui, toutes réunies, ne forment cependant qu'un souffle unique. »</blockquote>  
<blockquote>« Le nombre deux (ou le second principe de l'univers), c'est l'air qui vient de l'esprit ; c'est le souffle dans lequel sont gravées et sculptées les vingt-deux lettres qui, toutes réunies, ne forment cependant qu'un souffle unique. »</blockquote>  
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