Monde de feu I

De Esopedia

Monde de Feu I, ouvrage retranscrit par Elena Roerich en 1933.

Traduction originale 2023 depuis les versions russe et anglaise, par esopedia 2023.


Ur est la racine de la Lumière du Feu. Depuis des temps immémoriaux, ce Principe rayonnant a attiré le cœur de nombreux peuples. Des Alliances passées, tournons-nous maintenant vers les conquêtes futures.

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L’élément du Feu, le plus omniprésent, le plus créatif, le plus libérateur, est le moins apprécié et le moins étudié. La conscience humaine se consacre à une pléthore de considérations vides de sens, et la plus admirable lui échappe. Les hommes se disputent pour rien au marché, et ils n’ont même pas envie de mettre la main sur le trésor. Beaucoup de ce qui a été dit à propos du cœur est également applicable au Monde du Feu, mais avec une intensité particulière. L’élan du Feu est aussi résistant que la structure d’un cristal. Ce n’est pas pour rien que les clairvoyants se servaient de globes de cristal. Il faut des braises vivantes pour purifier la conscience; la flamme aux sept couleurs affirme la ferveur de l’esprit. Beaucoup d’actions du Feu se manifestent comme très singulières conditions d’existence. A partir des formations lumineuses ordinaires visibles à l’œil ouvert, sur, jusqu’aux feux complexes du cœur, on est guidé dans le royaume du Feu.

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Quand on étudie les signes du feu, on remarque certaines subdivisions au sein de l’humanité. Certains en effet s’engagent avec une ferveur éternelle et ne peuvent vivre sans ce mouvement ascendant : soyez certains qu’ils sont du feu. Ils se trompent parfois, mais ils ne peuvent pas rester inactifs. Observez-les, et invariablement vous y découvrirez la flamme. Mais ne vous attendez pas à trouver le Feu créatif dans l’inertie de la terre, parmi les ondulations de l’eau, parmi les tourbillons de l’air. Nous ne voulons pas exagérer en faisant l’éloge des gens du feu, mais en vérité, on peut dire que c’est elle qui fait bouger le monde. Il ne faut pas oublier que pour ces hommes, il n’est pas facile de vivre parmi les autres combinaisons. Ce qui est vrai, c’est ce qu’on dit de l’Ange aux ailes brûlées : quand il se précipite pour le bien du monde, ses ailes phosphorescentes frottent contre les rochers et en restent striées, et Il perd pouvoir. En cela on voit la nette distinction entre le monde terrestre et celui du Feu.

L’œil terrestre, tout en étant très sensible, n’assimile normalement pas non plus les phénomènes subtils. Mais, à son tour, le Monde subtil ne perçoit pas ces êtres de feu qu’un cœur ardent peut faire rencontrer. Cela justifie la vénération pour le Feu. Par affinité naturelle avec ce Monde, le zèle fervent est nécessaire. Les hommes du Feu portent en eux, dès les premières années, comme un reflet du Feu suprême. Ces étincelles les obligent à éviter le contact avec les autres éléments, qui n’aiment pas ces globes enflammés. Mais il est impossible de parcourir les sentiers terrestres sans rencontrer le Feu, il est donc bon d’en connaître la nature essentielle.

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Notez que la tension du Feu se répercute dans toutes les fonctions du corps. Et n’oubliez pas que si d’un côté le Feu de l’Espace peut guérir une blessure, de l’autre il soumet les tissus à de graves tensions. Soyez donc prudents.

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Il semblerait que le baptême du feu ait été clairement illustré. Sur la tête de certains hommes sont apparues des langues de flamme, mais on ne veut pas reconnaître l’existence de cette réalité. On prétend vénérer les saintes Écritures, mais on ne les porte pas dans la vie. Tous n’auraient pas su accueillir et observer comme vous, calmement, la flamme qui ne brûle pas, qui était pourtant tout à fait réelle et dotée de toutes les propriétés du feu, sauf celle de brûler. Il faut que le cœur soit ouvert pour affronter cette flamme. L’homme en a découvert une manifestation grossière sous forme d’électricité, mais s’il n’utilise pas les qualités ignées de son organisme, il ne pourra pas affiner ce phénomène. Quand la compréhension du Feu pénétrera dans la vie, une aube nouvelle se lèvera pour lui.

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Quand on parle du feu qui ne brûle pas, on ne doit pas oublier le feu qui consume. Quand la nonne gémit : "je brûle, je brûle!" le médecin n’est pas capable de la soulager, et pourrait même recourir à des applications d’eau froide, oubliant que l’huile ne se mélange pas avec l’eau. Seul le feu s’accorde avec le feu : en d’autres termes, avec l’énergie du cœur, qui coule dans les phénomènes de magnétisme. Nous traitons les inflammations avec un courant; et ils peuvent se produire dans divers centres. Mais, en réalité, le principal danger concerne de près le cœur, le plexus solaire et le larynx : étant les plus synthétiques, ces centres sont exposés aux attaques les plus imprévues. Celui qui a essayé une seule fois le feu intérieur sait ce qu’est le risque d’une conflagration des centres; il sait quelle agonie est provoquée par l’irruption du feu. L’homme n’en est presque jamais la cause, sauf peut-être par irritation. La plupart du temps, le feu est appris par des influences étrangères ou par des causes cosmiques, lorsque l’organisme est très raffiné. Un état de fatigue du cœur ouvre littéralement les portes à l’ennemi. Le Feu créatif peut donc se transformer en une flamme dévorante. Rappelez-vous que les incendies sont provoqués par de petites étincelles. Et rappelez-vous que pour utiliser l’énergie ignée, il faut être prudent. Un grand mal est commis quand on gaspille inutilement celle des autres. Un Arhat n’est jamais un vampire : c’est une loi fondamentale de la vie. Quelle sage est donc la règle de l’éternel donner. Le feu et le sacrifice semblent n’avoir rien en commun ; pourtant, toutes les Écritures mentionnent le sacrifice ardent.

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Il faut beaucoup de prudence. Vous voyez bien combien change aussi l’éthique des peuples. C’est pourquoi l’ignorance réagit à la pression atmosphérique : rendez-vous compte qu’elle affirme sans équivoque les principes des ténèbres. Pensez à la facilité avec laquelle un cerveau peu évolué se détériore quand le cœur se tait. La moralité des peuples languit comme une plante fanée. Le risque de flambées d’incendie augmente.

Les Chaldéens classaient les maladies selon les éléments; et en cela ils n’étaient pas loin de la vérité, car l’organisme, à la fois cosmique et humain, est surtout conditionné par les éléments et les luminaires.

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Pensez! Chacun porte en lui l’unique Feu, immuable dans tout l’Univers; mais personne ne se donne la peine d’imaginer qu’il porte ce trésor cosmique en lui-même. Les éléments ne sont pas toujours identiques dans le cosmos : car ils changent de qualité, il n’est pas permis de les considérer comme tels. Seul le feu du cœur connecte avec son aimant toutes les structures du monde. Il faut reconnaître sa suprématie. C’est un trésor à utiliser dans n’importe quel secteur de la vie. Il n’y a qu’une seule Lumière de Feu dans le monde. Elle éclaire les lointaines distances, et n’a rien de mystérieux ni de surnaturel. Même les mineurs parmi les disciples ont entendu parler de ce Feu qui imprègne tout, sans en comprendre l’usage.

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Les diverses manifestations du Feu ne contredisent pas son unicité essentielle. C’est seulement le rythme de la tension qui change la couleur de la flamme visible, de l’argent au rouge-or au rubis intense. Mais ce dernier est rare, car tous les cœurs ne peuvent pas le supporter.

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Pour admettre et accepter le Feu comme la voie de la Hiérarchie, comme la voie de l’amour et de la compassion, il faut être irrévocablement consacrés, de tout son cœur. C’est seulement ainsi que les petites étincelles deviennent des géants de flamme.

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Bénissez même les temps les plus tendus. Justement alors on apprend à distinguer le valable du médiocre. En période de confort, la vigilance s’affaiblit, mais elle est indispensable pour se mettre en colère contre les boules de feu. L’oppression et la tension sont donc précieuses : non seulement elles accroissent l’élan et la vigilance, mais elles libèrent de nouveaux feux des recoins les plus intimes. Que le feu de la Tara soit particulièrement proche de vous. Apprenez à aimer l’inattendu comme source de joie. En vérité, c’est précisément la joie qui allume le plus beau feu. Les temps difficiles ne sont donc détestés que par l’ignorant : pour ceux qui savent, ils sont une source d’événements. Les feux rapprochent même des actions lointaines. Tout cela ne semblera qu’une abstraction froide à quelqu’un, qui prouvera ainsi qu’il a un cœur glacé, du feu éteint. Vous connaissez la chaleur du cœur, et respectez ce Messager inattendu. C’est pourquoi il est si important de suivre les Maîtres, en laissant derrière eux les machinations des ténèbres. Seul Leur Feu allumera en vous l’audace. Toutes les paroles prononcées à leur sujet sont donc précieuses : même si elles sont prononcées sans savoir, elles transmettent le prana du courage. Que ces paroles résonnent dans tous les lieux du monde, ce sont des bougies allumées sous des images sacrées. Ce sont des lampes de Feu vif qui protègent contre tous les maux. La solennité est une clé.

(à suivre)