Isis Dévoilée

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Isis Dévoilée, par Helena Blavatsky. Ouvrage théosophique publié aux éditions Adyar, en 1877.

Résumé

Ouvrage se proposant de décrypter la signification ésotérique et parfois occulte dissimulée derrière les différentes religions, traditions et mythologies, en fonctionnant par une méthode relevant de la religion comparée et ayant comme source ultime la Tradition Primordiale, qui donne l'impression (fausse) que l'ensemble des analyses relèveraient seulement d'un syncrétisme habile.

Le premier tome (en version francophone) se consacre essentiellement aux connaissances scientifiques de l'époque de sa parution, s'y opposant ou s'y appuyant, en tentant de démontrer, d'une part, la réalité de l'âme et énergies circulant dans le corps humain et, d'autre part, la nature divine de l'Univers.

Le second tome (en version francophone), quant à lui, est axé autour de l'analyse du christianisme et du judaïsme, essayant d'en détricoter les mythes et les fondations pour montrer les rapports et relations existantes avec les mythologies dites païennes et les traditions moyen-orientales et orientales, de l'Antiquité à nos jours.


Préface

Du premier tome

L'ouvrage que nous présentons aujourd'hui à l'appréciation du public est le fruit de rapports étroits avec des adeptes de l'Orient, fruit, aussi, de l'étude de leur science. Il est offert à ceux qui sont disposés à accepter la vérité partout où elle se trouve, et à la défendre, même en bravant les préjugés populaires les plus enracinés. C'est une tentative pour aider l'étudiant à découvrir les principes essentiels sous-jacents à tous les systèmes philosophiques de jadis.

Ce livre est écrit en toute sincérité. Il a pour but de rendre justice à tous et de dire la vérité sans malice ni parti pris. Mais il n'a point de merci pour l'erreur intronisée, ni de respect pour l'autorité usurpée. Il réclame pour un passé méconnu et pour ses oeuvres, le crédit qui leur a été trop longtemps refusé, et il demande la restitution à chacun de ce qui lui a été subrepticement emprunté, la réhabilitation de réputations glorieuses mais calomniées. C'est uniquement dans cet esprit et dans ce but que ses critiques sont exercées sur toutes les formes de cultes, sur toute foi religieuse, sur toute hypothèse scientifique. Les hommes et les partis, les sectes et les écoles ne sont en ce monde que des éphémères d'une seule journée ; la vérité dressée sur son rocher inébranlable est seule éternelle et souveraine.

Nous ne croyons pas en une magie qui dépasse la portée de l'intelligence humaine, ni au "miracle", qu'il soit divin ou diabolique, s'il implique une transgression des lois de la nature existant de toute éternité. Cependant, nous admettons la proposition de l'illustre auteur de Festus, à savoir que le coeur humain ne s'est pas encore pleinement exprimé et que nous n'avons pas encore atteint, ni même compris, toute l'étendue de ses pouvoirs. Est-il excessif de croire que l'homme devrait développer de nouveaux sens et entrer en contact plus étroit avec la nature ? La logique de l'évolution doit nous l'apprendre, si on la pousse jusqu'à ses conséquences légitimes. Si, quelque part, dans la ligne ascendante du végétal, ou de l'ascidie à l'homme le plus noble, une âme a été évoluée, douée de qualités intellectuelles, il ne peut pas être déraisonnable de déduire et de croire, qu'une faculté de perception se développe également dans l'homme, lui permettant d'entrevoir des faits et des vérités au-delà de notre entendement ordinaire. Nous acceptons toutefois sans hésiter l'assertion de Biffé, que : "l'essentiel est immuable. Que nous taillions le marbre dans la masse duquel se cache la statue ou que nous établissions une à une les assises de pierre jusqu'à l'achèvement du temple, le NOUVEAU résultat que nous obtiendrons ne sera qu'une idée ancienne. La dernière de toutes les éternités trouvera son âme soeur dans la Première".

Lorsqu'il y a des années, nous voyagions pour la première fois en Orient, explorant les réduits de ses sanctuaires déserts, deux questions attristantes et sans cesse renaissantes obsédaient notre pensée : Où est DIEU ; Qu'est-il ? Qui a jamais vu l'ESPRIT immortel de l'homme, de façon à être certain de son immortalité ?

C'est lorsque nous étions le plus anxieux de résoudre ces problèmes difficiles, que nous nous trouvâmes en rapport avec certains hommes, doués de pouvoirs si mystérieux et de connaissances si profondes, que nous pouvons véritablement leur donner le titre de Sages de l'Orient. Nous prêtâmes une oreille attentive à leurs enseignements, et ils nous montrèrent qu'en combinant la science avec la religion on peut arriver à démontrer l'existence de Dieu et l'immortalité de l'esprit humain, comme on démontre un problème d'Euclide. Pour la première fois nous reçûmes l'assurance que la philosophie Orientale n'admettait point d'autre foi qu'une foi absolue et immuable dans la toute-puissance du soi immortel de l'homme. On nous apprit que cette toute-puissance vient de la parenté de l'esprit de l'homme et l'Ame Universelle-Dieu ! Ce dernier, disent ces sages, ne peut jamais être prouvé qu'à l'aide du premier. L'esprit humain prouve l'Eprit Divin, comme une goutte d'eau démontre l'existence d'une source dont elle provient. Dites à celui qui n'aurait jamais vu d'eau qu'il existe un océan il vous croira sur parole, ou il refusera de l'admettre. Mais faites tomber dans sa main une goutte d'eau, et il se trouvera en présence d'un fait duquel il pourra déduire le reste ; Il pourra par degrés, comprendre qu'il peut exister un océan sans borne et insondable. La foi aveugle ne sera plus nécessaire ; elle sera remplacée par la connaissance. Lorsqu'on voit un homme mortel déployer des facultés prodigieuses, se rendre maître des forces de la nature, et entrouvrir aux regards le monde de l'esprit, l'esprit réfléchi est pénétré de la conviction que, si l'Ego spirituel d'un seul homme peut le faire, la puissance de l'Esprit-Père doit être relativement aussi grande que l'océan passe la simple goutte d'eau en volume et en force. Ex nihilo nihil fit ; prouvez l'âme humaine au moyen de ses merveilleux pouvoirs et vous aurez prouvé Dieu !

Dans nos études, nous avons appris que ce que l'on nomme mystères ne sont pas des mystères. Les noms et les lieux, qui, pour les esprits de l'Occident, n'ont d'autre signification que celle tirée des fables de l'Orient nous ont été montrés comme des réalités, nous sommes entrés en esprit avec révérence, dans le temple d'Isis ; il nous a été permis de soulever à Saïs, le voile de "Celle qui est, qui a été et qui sera" ; nous avons regardé par la déchirure du rideau du Saint des Saints à Jérusalem, et même interrogé la mystérieuse Bath-Kol dans les cryptes qui existaient jadis sous l'édifice sacré. La Filia Vocis – la fille de la voix divine – nous a répondu du haut de son trône de clémence, derrière le voile, et la science, la théologie, toutes les hypothèses et les conceptions humaines, nées d'une connaissance imparfaite des choses ont perdu pour toujours à nos yeux leur caractère d'autorité. La seule Divinité vivante a parlé par son oracle, l'homme, et nous nous tenons pour satisfait. Une pareille connaissance est inestimable ; et elle n'est cachée qu'à ceux qui la dédaignent, la tournent en ridicule ou en nient l'existence.

De ceux-ci, nous appréhendons les critiques, la censure, et peut-être aussi l'hostilité, quoique les obstacles que nous ayons à rencontrer sur notre route ne viennent ni de la validité des preuves, ni des faits authentiques de l'histoire, ni du défaut de sens commun du public auquel nous nous adressons. Les tendances de la pensée moderne vont visiblement vers le libéralisme aussi bien en religion qu'en science. Chaque jour amène les réactionnaires plus près du point où ils devront abandonner l'autorité despotique qu'ils ont si longtemps exercée sur la conscience publique. Lorsque le Pape peut en arriver à lancer l'anathème contre tous ceux qui soutiennent la liberté de la presse et de la parole, contre ceux qui prétendent que, dans un conflit entre les lois civiles et les lois ecclésiastiques, la loi civile doit l'emporter, ou bien encore qu'une méthode d'enseignement laïc puisse être approuvée ; Ou encore lorsque M. Tyndall porte-voix de la science du XIXème siècle, déclare que "la position inexpugnable de la science peut être définie en ces quelques mots : Nous exigeons de la théologie tout le domaine de la théorie cosmologique et nous le lui arracherons" le résultat n'est point difficile à prévoir.

Des siècles d'assujettissement n'ont pas congelé le sang des hommes au point de le faire cristalliser autour du noyau de la foi aveugle, et le XIXème siècle assiste aux efforts du géant qui brise les liens lilliputiens et se remet sur ses pieds. Même l'Eglise protestante d'Angleterre et d'Amérique, actuellement occupée à la révision du texte de ses Oracles, sera tenue de montrer l'origine et les mérites de ce texte. Le temps où on dominait les hommes par des dogmes est passé. Notre ouvrage est donc un plaidoyer pour la reconnaissance de la philosophie Hermétique, la Religion-Sagesse, autrefois universelle, comme la seule clé possible de l'Absolu en science et en théologie. Nous nous dissimulons si peu la gravité de notre entreprise que nous pouvons, d'ores et déjà, dire que nous ne serions pas surpris de voir se liguer contre nous :

  • Les chrétiens qui verront que nous mettons en question les preuves de l'authenticité de leur foi.
  • Les savants qui trouveront leurs prétentions à l'infaillibilité mises dans le même sac que celles de l'Eglise Catholique Romaine et, que sur certains points, les sages et les philosophes de l'antiquité sont classés plus haut qu'eux.
  • Les Pseudo-Savants, que nous combattrons, naturellement, avec acharnement.
  • Les gens d'Eglise libéraux, et les libres penseurs s'apercevront que nous n'acceptons pas ce qu'ils font mais que nous réclamons la reconnaissance de la vérité totale.
  • Les hommes de lettres et diverses autorités qui cachent leur croyance réelle par égard pour les préjugés populaires.
  • Les mercenaires et les parasites de la presse qui prostituent sa puissance plus que royale et déshonorent une noble profession ; ils trouveront aisé de tourner en dérision des choses trop étonnantes pour leur compréhension, car, pour eux, la valeur d'un alinéa est supérieure à celle de la sincérité. Beaucoup nous critiqueront honnêtement ; D'autres le feront hypocritement. Mais nous avons foi en l'avenir.

La lutte actuellement engagée entre le parti de la conscience publique celui de la réaction a déjà produit un assainissement du ton de la pensée ; elle ne peut manquer d'aboutir au rejet de l'erreur et au triomphe de la Vérité. Or, nous le répétons, c'est pour un avenir meilleur que nous luttons.

Et pourtant, lorsque nous envisageons l'amère opposition que nous aurons à affronter, qui mieux que nous, en entrant dans l'arène, aurait le droit d'inscrire sur son bouclier, le salut du gladiateur Romain à César : "Moritorus te salutat".

H.P.Blavatsky, New York, septembre 1877.


Du second tome

Nous voudrions si possible que ce livre restât ignoré de tous les Chrétiens auxquels cette lecture ne ferait aucun bien, et auxquels il n'est pas destiné. Nous faisons allusion à ceux chez lesquels la foi dans leur religion respective est pure et sincère, ceux dont les vies sans tache reflètent le divin exemple du Prophète de Nazareth, par la bouche duquel l'esprit de vérité a parlé si puissamment à l'humanité. De tous temps il a existé de ces personnes-là. L'histoire en a conservé les noms dans ceux des héros, des philosophes, des philanthropes, des martyrs, des saints et des saintes ; mais combien aussi ont vécu et sont morts ignorés, sauf de leur entourage immédiat, bénis seulement par les humbles âmes qui ont bénéficié de leur charité. Ceux-là ont ennobli le Christianisme, mais ils auraient fait de même pour toute autre religion, s'ils l'avaient professée – car ils se sont élevés au-dessus d'elle. La douceur de Peter Cooper et d'Elisabeth Thompson en Amérique, qui eux, ne sont pas des Chrétiens orthodoxes, est non moins à l'imitation du Christ que celle de la Baronne Angela Burdett-Coutts en Angleterre, qui en est une. Et cependant, à côté des millions qui se disent Chrétiens, ils n'ont toujours été qu'une minorité. On en rencontre aujourd'hui dans la chaire et sur les bancs de l'église, dans les palais et dans les chaumières ; mais le matérialisme croissant, l'esprit mondain et l'hypocrisie en réduisent la proportion au minimum. Leur charité, leur foi simple et enfantine dans l'infaillibilité de leur Bible, de leurs dogmes et de leurs prêtres, mettent en activité toutes les vertus dont est douée la nature humaine. Nous avons connu, nous-mêmes, de ces prêtres, de ces pasteurs, ayant foi en leur Dieu et nous avons toujours évité de discuter avec eux, de peur de nous rendre coupable de blesser leurs sentiments ; loin de nous aussi de vouloir diminuer la confiance aveugle d'un seul laïque, si celle-ci lui est nécessaire pour vivre saintement et mourir en paix.

Comme analyse des croyances religieuses en général, ce volume est spécialement écrit afin de combattre le christianisme théologique, qui estl'ennemi acharné de la liberté de pensée. Il ne contient pas un seul mot contre les purs enseignements de Jésus, mais il s'élève avec fermeté contre leur avilissement en systèmes ecclésiastiques pernicieux, fatals pour la foi humaine en son immortalité et en son Dieu, en renversant toute barrière morale.

Nous jetons le gant à tous les théologiens dogmatiques qui cherchent à enchaîner l'histoire et la science ; et nous le faisons tout spécialement pour le Vatican dont le despotisme fait horreur à presque toute la Chrétienté éclairée. A part le clergé, seuls le logicien, le chercheur et l'explorateur intrépide devraient lire un livre de cette nature. Ces ardents chercheurs de vérité ont le courage de leur opinion.

H.P.Blavatsky