Narcisse

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Narcisse.

On veut nous faire croire que Narcisse était d'un égocentrisme sans pareil au point qu'il devint éperdument amoureux de son image reflétée dans la vasque d'une fontaine ! ... Et qu'il en mourut d'amour ! On lui accorda toutefois, comme dans les expositions florales, l'honneur de la création d'une petite fleur jaune pâle dénommée depuis, Narcisse. Ajoutons qu'une nymphe, malicieusement appelée « Echo », l'aimait à la folie et qu'elle le suivit dans la mort.

Ce mythe heureusement ne veut pas nous enseigner « Le Narcissisme », mais bien autre chose. Suivons la légende, mais d'ores et déjà nous nous trouvons devant un genre de héros très rare dans la mythologie ; un qui suit la voie de l'amour, un tendre, un contemplatif, un fou de Dieu comme on les appelle encore de nos jours ; un qui ne veut prendre Dieu par la violence, mais par le don de soi, par l'Amour auquel aucun Dieu ne résiste.

La légende nous le fait comprendre d'entrée, Narcisse était d'une beauté merveilleuse ; ce qui ne veut pas dire qu'il était beau physiquement mais d'une beauté morale faite de toutes les vertus. Il dédaignait les femmes comme le font les ascètes ; il était beau parce qu'on voyait qu'un Dieu l'habitait et il ne se résignait pas à supporter la condition humaine ; son véritable amour n'était certainement pas de ce monde. Quelle sorte d'amour surhumain hantait les jours et les nuits de Narcisse ? De quel hymen paradisiaque rêvait-il ? Cette attente mystique n'était pas spéciale à Narcisse, d'autres l'ont connue avant lui et d'autres après lui.

Comme tous « les Fous de Dieu » tenus à l'ascétisme et à la continence, il devait arriver ce qui arrive toujours dans toutes les confessions et sous toutes les latitudes ; Narcisse devint clairvoyant et ce n'est pas son image qu'il vit se refléter dans la vasque de la fontaine, mais celle de son Bien-Aimé, celle du Dieu intérieur, de Dionysos, le Dieu solaire qui, sollicité par un tel amour, venait de se révéler à lui[1].

Ainsi qu'il arrive souvent dans les initiations brusquées, et quand l'homme ne tient plus à la vie terrestre, le « Coup de foudre divin » devint mortel. Physiquement, Narcisse aurait pu survivre à cette brusque révélation, mais il n'en serait pas moins mort à la vie physique.

Que vient faire cette pauvre nymphe Echo dans cette histoire ? Quel symbole évoque-t-elle dans le cas de Narcisse ?

Là encore nous retrouvons le piège initiatique, avec pour tout repère son nom « Echo ». Rappelons-nous le septième principe : « Ce qui est en haut est semblable à ce qui est en bas, ce qui est en bas est le « Reflet » de ce qui est en haut ».

L'amour terrestre de la nymphe était véritablement l'écho de l'amour divin qui consumait Narcisse ; l'amour de la créature est l'écho, le reflet de l'amour divin, il en possède la même résonance bien qu'atténuée. Oui le Verbe divin possède un écho dans l'âme humaine, et cette soif d'infini conduit bien souvent à la consomption du corps physique.

Reste le symbole de la fleur, ce narcisse à la couleur de l'éther de lumière, la marque, la signature de l'Esprit solaire que Narcisse venait de rejoindre à jamais. Voilà ce qu'on demandait aux mystes dans les écoles des mystères ; et voilà ce qu'il fallait répondre... Jadis, et aujourd'hui.

(source : "Un livre I" d'un auteur ésotérique, pp.69-71)

Notes et références

  1. Le miroir d'eau est encore utilisé de nos jours, il sert à provoquer les visions.