Tantrisme
Tantrisme. Voie de spiritualité ésotérique et occulte hindou, du sanskrit Tantra, littéralement "règle" ou "rituel". Il existe deux voies fondamentales de tantrisme, l'une étant dite Voie de la main droite et la seconde Voie de la main gauche. La première est d'ordre spirituelle et correspond à une magie blanche ; la seconde est une pratique matérielle d'ordre sombre.
Deux voies, une seule spirituelle
- tantrisme de la main gauche : à l'origine, voie de méditation hindoue fondée sur l'harmonisation des chakras entre deux individus avant, pendant et après l'acte sexuel où l'extase sexuelle est supposée entrer en correspondance avec une extase énergétique. Le "Kama Sutra", "Livre sacré du Désir" en est une des parties les plus connues en Occident. Cependant, cette pratique très spécifique a donné lieu dès les origines à une version viciée de magie noire liée au culte négatif de Kâlî.
- tantrisme de la main droite : voie de spiritualité hindoue fondée sur une ascèse sexuelle (dans la pratique : sur une séparation de la sexualité et de la spiritualité) où l'individu tente, par lui-même, de s'unir à sa divinité intérieure - le Soi - par une pratique de la méditation et du Yoga. L'éveil de la Kundalini, "le feu serpent intérieur" qui circule entre les chakras, entre en correspondance avec l'extase du divin. Attention : ce n'est pas par une pratique SUR les chakras, ni sur la Kundalini elle-même que se réalise cet éveil. Cet éveil n'est que la conséquence de la profondeur de la méditation. Ce n'est que dans l'esprit étriqué des occidentaux que la pratique SUR les chakras et SUR la Kundalini a été associée à l'éveil de cette dernière, qui est forcée, dans certaines pratiques occidentales mauvaises (voire dangereuses), de sortir de son antre pour s'éveiller (alors, de même que le Maître se manifeste lorsque le Disciple est prêt, la Kundalini s'éveille naturellement lorsque l'esprit du Disciple est prêt).
Tantrisme spirituel
Arthur Avalon dit :
- « Dans l'antiquité, on a désigné diverses parties du corps comme étant le "siège de l'âme" ou de la vie ; c'est le cas du sang, du coeur, de la respiration. Le cerveau, généralement, n'était pas désigné. Le système védique suppose le coeur comme le centre principal de conscience ; cette idée se retrouve dans les expressions que nous employons encore, "prendre à coeur", "apprendre par coeur". Sadhaka, une des cinq fonctions de Pitta, situé dans le coeur, aide indirectement à l'accomplissement des fonctions cognitives en maintenant les contractions rythmiques du coeur ; et il a été suggéré que c'était peut-être cette interprétation de la fonction du coeur qui amena les physiologistes de l'Inde à le considérer comme le siège de la connaissance. Suivant les Tantra, cependant, les principaux centres de conscience se trouvent dans les Chakra du système cérébro-spinal et dans la partie supérieure du cerveau (Sahasrara), bien que le coeur soit également reconnu comme étant le siège de Jivatma, ou de l'esprit incarné en son aspect pranique. [1].»
(source : "L'Ame et son Mécanisme" d'Alice Bailey, p.105)
Les centres de force sont situés le long de la colonne vertébrale et dans la tête. Arthur Avalon dit[2] :
- « La description des Chakras comprend, d'abord, un exposé de l'anatomie et de la physiologie occidentale des systèmes nerveux central et sympathique ; deuxièmement, un exposé du système nerveux tantrique et des Chakras ; et troisièmement, dans la mesure du possible, la corrélation des deux systèmes, anatomiquement et physiologiquement, car le reste est en général particulier à l'occultisme tantrique.
- La théorie tantrique relative aux Chakras et à Sahasrara concerne, du point de vue physiologique (...) le système spinal central y compris le cerveau contenu dans le crâne, et la moelle épinière contenue dans la colonne vertébrale (Merudanda). Il faut remarquer que, de même qu'il existe cinq centres décrits ici, la colonne vertébrale est elle-même divisée en cinq régions qui, en partant du bas, sont la région du coccyx formée de quatre vertèbres imparfaites souvent unies pour former un seul os appelé le coccyx ; la région sacrée formée de cinq vertèbres unies entre elles pour former un seul os, le sacrum ; la région lombaire ou région des reins, formée de cinq vertèbres ; la région dorsale ou du dos formée de douze vertèbres, et la région cervicale ou du cou, formée de sept vertèbres. Comme le montrent les segments, la moelle épinière a différentes caractéristiques correspondant à chacune des régions. Dans l'ensemble, ces caractéristiques correspondent aux régions placées sous la maîtrise des centres ou chakras Muladhara, Svadhistana, Manipura, Anahata et Vishudda. Ces régions sont la base de la colonne vertébrale, le centre sacré, le centre du plexus solaire, le centre du coeur et le centre de la gorge. Le système central est relié à la périphérie par les trente et un nerfs spinaux et les douze nerfs crâniens qui sont à la fois sensoriels et moteurs, selon qu'ils provoquent la sensation et poussent à l'action. Les six derniers nerfs crâniens proviennent du bulbe spinal (medulla) et les six autres, sauf les nerfs olfactifs et optiques, proviennent des régions du cerveau se trouvant juste devant le bulbe. Les écrivains appartenant aux écoles de Yoga et de Tantra utilisent de préférence le terme "nadi" pour désigner les nerfs. Ils entendent donc les nerfs crâniens lorsqu'ils parlent de Shira, n'appelant jamais ainsi les artères comme le font les publications médicales. Il faut cependant noter que les nadis du Yoga ne sont pas les nerfs matériels ordinaires, mais des lignes de direction plus subtiles que suivent les forces vitales. Une fois sortis du foramen intervertébral, les nerfs spinaux entrent en communication avec les ganglions du système nerveux sympathique, de chaque côté de la colonne vertébrale. Chez l'homme, le cordon médullaire part de la limite supérieure de l'atlas, sous le cervelet, passe dans la moelle et finalement dans le quatrième ventricule du cerveau, descendant ensuite dans la deuxième vertèbre lombaire où elle se termine en un point appelé le filum terminal. » (A. Avalon)
Comme la citation ci-dessus se réfère au système tantrique, il convient de noter qu'il s'agit là d'un système hindou de maîtrise de l'énergie ne pouvant être utilisé sans danger que par ceux qui font preuve de la moralité la plus haute, d'une grande pureté de vie et de pensée. On ne saurait condamner trop sévèrement les prétendues pratiques tantriques d'un caractère avilissant rencontrées dans certaines écoles d'Orient et d'Occident.
Tantrisme sexuel
Jusqu'ici, seules les personnes religieuses pensent en termes des deux naissances nécessaires et inévitables, la naissance physique et la naissance spirituelle, mais elles envisagent la relation entre les deux comme purement symbolique, et ne devant pas être interprétée littéralement. Cependant. il existe une relation étroite et une analogie entre les deux qui, à mesure que le temps passera, deviendra plus claire. Il ne peut y avoir de nouvelle naissance, de création d'un "corps de lumière", ou de "manifestation des fils de Dieu" en dehors du processus de l'incarnation physique. Il ne peut y avoir de fusion des opposés, âme et personnalité, en dehors des processus physiologiques, du sexe, et je le dis délibérément, car c'est dans la relation des sexes que l'élément temps intervient dans l'expérience de l'âme ; on le comprendra quand la doctrine de la réincarnation sera bien comprise et universellement enseignée. C'est là que la magie sexuelle et les enseignements intérieurs tantriques se sont égarés si lamentablement, et se sont centrés sur le développement individuel et la réalisation d'une expérience telle, de promouvoir le progrès spirituel.
L'idée sous-jacente à tout ce qui a été dit jusqu'ici sur la relation sexuelle implique deux choses :
- a. Fournir des corps aux âmes qui s'incarnent afin que certains développements de l'évolution prédestinés puissent progresser et que le développement spirituel inévitable et également prédestiné se réalise.
- b. Communiquer une méthode scientifique grâce à laquelle les "corps construits dans l'obscurité" peuvent progressivement être remplacés par des "corps construits dans la lumière". C'est ainsi que sera obtenue la manifestation de l'aspect lumière fondamental du monde, et sa structure sous-jacente.
(source : "Education dans le Nouvel Age" d'Alice Bailey, pp.136-137)
Les quatre vidyas de la philosophie hindoue peuvent s'énumérer comme suit :
- 1. Yajna Vidya. La célébration de rites religieux en vue d'obtenir certains résultats. Le cérémonial magique. Elle a affaire au son, donc à l'akasha ou éther de l'espace. La "Yajna" est la déité invisible dont l'espace est imprégné.
- 2. Mahavidya. La grande connaissance magique. Elle a dégénéré en culte tantrique. Elle traite de l'aspect féminin ou matière (mère). Elle est la base de la magie noire. Le véritable Mahayoga concerne la forme (le second aspect) et l'adaptation de celle-ci à l'Esprit et à ses exigences.
- 3. Guhya vidya. La Science des mantrams. La connaissance secrète mantrams mystiques. Le pouvoir occulte du son, du Mot.
- 4. Atma vidya. La véritable sagesse spirituelle.
(source : "La Lumière de l'Ame" d'Alice Bailey, p.141)
Voir aussi
Notes et références
- ↑ NDE : La citation d'Arthur Avalon n'est pas référencée par Alice Bailey : celle-ci doit provenir de "Principles of Tantra" mais pourrait aussi se trouver dans "Shakti and Shakta" ou bien "La Puissance du Serpent" du même auteur.
- ↑ NDE : La citation d'Arthur Avalon n'est pas référencée par Alice Bailey : celle-ci doit provenir de "Principles of Tantra" mais pourrait aussi se trouver dans "Shakti and Shakta" ou bien "La Puissance du Serpent" du même auteur.