Père dans le Secret

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Père dans le Secret.

Faisant abstraction des querelles théologiques du christianisme qui cherchent à confondre le Créateur juif du premier chapitre de la Genèse, avec le "Père" du Nouveau Testament, Jésus dit à plusieurs reprises au sujet de son Père, "qu'Il est dans le secret". II n'aurait certainement pas dénommé ainsi le "Seigneur Dieu" omniprésent, des livres Mosaïques, qui Se fit voir à Moïse et aux Patriarches, et alla jusqu'à Se laisser contempler par tous les Anciens d'Israël [1]. Lorsqu'on fait dire à Jésus, parlant du Temple de Jérusalem, qu'il était la "Maison de son Père", il n'entend parler en aucune manière de l'édifice physique, qu'il prétend pouvoir détruire et reconstruire en trois jours, mais bien du Temple de Salomon le sage cabaliste, qui dit dans ses Proverbes que chaque homme est le temple de Dieu, ou de son esprit divin. Cette désignation du "Père qui est dans le secret", est employée aussi bien dans la Cabale, que dans le Codex Nazaraeus, et ailleurs. Nul n'a contemplé la sagesse cachée dans le "Cranium" et nul n'a vu "l'Abîme" (Bythos). Simon le Magicien prêchait "Un Père inconnu de tous"[2].

Nous trouvons une trace encore bien plus ancienne de ce terme le "Dieu secret". Dans la Cabale, le "Fils" du Père secret qui demeure dans la lumière et la gloire, est "l'Oint", le Seir-Anpin, qui réunit en lui toutes les Séphiroth ; il est le Christos, ou l'Homme Céleste. C'est par le Christ que le Pneuma, ou le Saint-Esprit, crée "toutes choses" (Ephésiens, III, 9) et produit les quatre éléments l'air, l'eau, le feu et la terre. Cette affirmation est incontestable, car nous constatons que c'est sur ce fait qu'Irénée fonde son meilleur argument pour la nécessité d'avoir quatre Evangiles. Il ne peut y en avoir ni plus ni moins que quatre, s'écrie-t-il. "Car, puisqu'il y a quatre parties du monde et quatre vents généraux (καθολὶκὰ πνεὺμστα)... il est juste qu'elle (l'Eglise) ait quatre piliers. Il est, donc, manifeste que le Verbe, le créateur de tout, Celui qui est assis au-dessus des Chérubim... ainsi que le dit David, en appelant sa venue. "O toi, qui es assis entre les Chérubins, apparais !" Car les Chérubins ont aussi quatre faces, et leurs faces sont les symboles de l'oeuvre du Fils de Dieu[3]."

Nous ne nous arrêterons pas pour discuter tout au long la sainteté toute spéciale des Chérubins à quatre faces, bien que nous puissions peut-être démontrer que leur origine se trouve dans toutes les anciennes pagodes de l'Inde, dans les vâhans (ou véhicules) de leurs dieux principaux ; nous pourrions également attribuer le respect qu'on leur doit, à la sagesse cabalistique, bien que l'Eglise s'en défende de toutes ses forces. Mais nous ne pouvons résister à la tentation de rappeler à nos lecteurs qu'ils n'auront aucune difficulté pour connaître la signification attribuée à ces Chérubins s'ils veulent bien prendre la peine de consulter la Cabale. "Lorsque les âmes vont quitter leur demeure", dit le Zohar, se tenant à la doctrine de la pré-existence des âmes dans le monde des émanations, "chaque âme paraît séparément devant le Saint Roi, vêtue d'une forme sublime, sous les traits avec lesquels elle paraîtra dans ce monde. C'est de cette forme sublime que procède l'image." (Zohar, III, p. 104). Il poursuit, alors, en disant que les types ou formes de ces faces sont au nombre de quatre – celles de l'ange ou homme, du lion, du taureau et de l'aigle." Nous ne serions nullement étonnés, si, en outre, Irénée n'eût donné plus de poids à son argument en faveur des quatre Evangiles, en citant le panthéon tout entier des dieux hindous à quatre bras.

En faisant allusion aux quatre animaux, qu'on nomme maintenant Chérubim, comme types des quatre êtres symboliques, qui, dans ses visions, supportent le trône de Jéhovah, Ezéchiel n'eut pas à chercher bien loin ses modèles. Les génies protecteurs chaldéo-babyloniens lui étaient familiers ; le Sed, Alaph ou Kirub (Cherubim) le taureau à la figure humaine ; le Nirgal, le lion à face humaine ; Oustour le Sphinx-homme ; et le Nathga, à tête d'aigle. La religion des maîtres – les babyloniens et assyriens idolâtres – fut transportée presque totalement dans les Ecritures révélées des Juifs en captivité et de celles-ci dans le Christianisme.


(source : "Isis Dévoilée" d'Héléna Blavatsky, III, pp.257-258)


Notes et références

  1. "Moïse monta avec Aaron, Nadab et Abihu, et soixante-dix anciens d'Israël. Ils virent le Dieu d'Israël". Exode, XXIV, 9, 10
  2. Irénée, Homélies de saint Clément, I, XXII, p. 118.
  3. Adv. Hoers, III, XI, § 8.

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