Devachan, du sanskrit. La "demeure des dieux". Etat intermédiaire entre deux vies terrestres dans lequel l'Ego – l'Atma-Buddhi-Manas ou la Trinité faite Une – entre après la séparation d'avec le kâma rûpa et la désintégration des principes inférieurs utilisés sur terre.

(source : "Glossaire Théosophique" d'Héléna Blavatsky)




La triade supérieure, Atmâ-Bouddhi-Manas, peut être reconnue dès les premières lignes de la citation tirée du papyrus Egyptien. Dans le Rituel, aujourd'hui intitulé le Livre des Morts, l'Ame purifiée, le double Manas, est représentée comme "la victime, de la sombre influence du Dragon Apophis", la personnalité physique de l'homme Kâmarupique, avec ses passions. "Si elle a atteint la connaissance finale des Mystères célestes et infernaux, la Gnose" – les Mystères divins et terrestres de la Magie Blanche et Noire – alors la personnalité défunte "triomphe de son ennemi" – la mort. Cela se rapporte au cas où, à la fin de la vie terrestre, le Manas inférieur, chargé de "la moisson de vie", opère sa réunion complète avec son Ego. Mais si Apophis est vainqueur de l'Ame, alors celle-ci "ne peut échapper à une seconde mort".

Ces quelques lignes, tirées d'un papyrus vieux de plusieurs milliers d'années, renferment toute une révélation qui, à l'époque, n'était connue que des Hiérophantes et des Initiés. La "moisson de la vie" consiste dans les plus belles pensées spirituelles, dans le souvenir des actions les plus belles et les plus altruistes de la personnalité, et dans la présence constante, durant la période de béatitude dont elle jouit après la mort, de tous ceux pour lesquels elle éprouvait un amour plein de dévotion divine et spirituelle [1]. Souvenez-vous de cet enseignement : L'âme Humaine, le Manas inférieur, est le seul médiateur direct entre la personnalité et l'Ego Divin. Ce qui constitue sur cette terre la personnalité, improprement qualifiée d'individualité par la majorité, c'est la somme de ses caractéristiques mentales, physiques et spirituelles, qui, une fois imprimées sur l'Ame humaine, produisent l'homme. Or, parmi toutes ces caractéristiques, les pensées purifiées seules peuvent être imprimées sur l'Ego supérieur immortel. Cela a lieu, par suite du fait que l'Ame Humaine, dans son essence, s'immerge de nouveau dans sa source originale, se mélange avec son Divin Ego durant la vie, et se réunit entièrement à lui après la mort de l'homme physique. En conséquence, à moins que Kâma-Manas ne transmette à Bouddhi-Manas des idéations personnelles et un état de conscience de son "Moi" qui soient de nature à pouvoir être assimilés par l'Ego Divin, rien de ce "Moi" ou de cette personnalité ne peut survivre dans l'Eternel. Ce qui est digne du Dieu immortel qui est en nous, et d'une nature identique à celle de la divine quintessence, peut seul survivre ; dans ce cas, en effet, c'est sa propre "ombre" ou émanation, celle de l'Ego Divin, qui monte jusqu'à lui et qui est absorbée de nouveau par lui, pour faire, encore une fois, partie intégrante de sa propre Essence. Aucune noble pensée, aucune aspiration élevée, aucun désir, aucun amour immortel et divin, ne peuvent pénétrer dans le cerveau de l'homme d'argile, ni s'y installer, sauf en qualité d'émanation directe de l'Ego supérieur, se manifestant par l'entremise de l'inférieur ; tout le reste, si intellectuel qu'il puisse paraître, Procède de "l'ombre", le mental inférieur, associé et mélangé avec Kâma et s'efface et disparaît à jamais ; mais les idéations mentales et spirituelles du "Moi" personnel retournent à lui, en qualité de portions de l'Essence de l'Ego et ne s'effacent jamais. Ainsi, de toute la personnalité qui existait, ce qui survit et devient immortel, ce sont seulement ses expériences spirituelles, la mémoire de tout ce qui fut bon et noble, avec la conscience de son "Moi" mélangée à celle de tous les autres "Moi" personnels qui l'ont précédé. Il n'existe pas pour les hommes de cette terre d'immortalité distincte ou séparée, en dehors de l'Ego qui les animait. Cet Ego Supérieur est le seul véhicule de tous ses alter ego sur terre et leur seul représentant, dans l'état mental appelé Dévachan. Comme la dernière personnalité incarnée a toutefois droit à son propre état spécial de béatitude, sans mélange, et libre du souvenir de toutes les autres, ce n'est que la dernière vie qui est pleinement vivante d'une manière réaliste. On compare souvent le Dévachan à la plus heureuse journée d'une série de plusieurs milliers d'autres "journées" dans la vie d'une personne. L'intensité de bonheur de cette journée fait complètement oublier à l'homme toutes les autres, et son passé s'efface.

C'est ce que nous appelons l'Etat Dévachanique, la récompense de la personnalité, et c'est en se basant sur cet antique enseignement que fut édifiée la vague notion chrétienne du Paradis, empruntée, comme tant d'autres choses, aux Mystères Egyptiens, où cette doctrine était représentée. C'est aussi le sens du passage cité dans Isis. L'Ame a triomphé d'Apophis, le Dragon de Chair. Dès lors, la personnalité vivra dans l'éternité, dans ses éléments les plus hauts et les plus nobles, la mémoire de ses actions passées, tandis que les "caractéristiques" du "Dragon" iront en s'effaçant dans le Kâma Loka. Si l'on nous pose cette question : "Comment vivre dans l'éternité, puisque le Dévachan ne dure que 1.000 à 2.000 ans ?" nous répondrons : "De la même manière que le souvenir de chaque journée qui mérite de ne pas être oubliée survit dans la mémoire de chacun de nous." A titre d'exemple, on peut prendre les journées écoulées dans une seule vie personnelle comme représentant chaque vie personnelle, et telle ou telle personne peut représenter l'Ego Divin.


(source : "La Doctrine Secrète" d'Héléna Blavatsky, VI, pp.220-222)




Devachan (leçon 131)


À ceux qui sont pratiquement ignorants des réalités fondamentales de la vie, je répéterais qu'ils n'ont pas de conception correcte du plan du Dévachan ou des conditions d'existence sur ce plan, lorsqu'ils mettent en danger tout ce qui est désirable et possible d'existence individuelle sur ce plan, en remplissant leur esprit des banalités de leur vie actuelle. et en bourrant leur sphère aurique des réflexions d'autres esprits qui ne leur permettront aucune possibilité d'atteindre le bonheur suprême du Dévachan.

Tout comme vous souririez tendrement, mais avec pitié, devant le concept que votre enfant possède de la maturité, ainsi « ceux qui savent » ne peuvent que sourire tristement devant votre faible conception de la vie dans ses aspects plus matures, lorsque ces concepts sont dépourvus de méchanceté. On entend souvent un disciple non développé exprimer son désir de « renoncer au Dévachan » afin de retourner immédiatement à la vie terrestre, pour le bien de l'humanité. Le disciple dira ceci après avoir entendu ou lu qu'un Initié de haut degré avait agi ainsi, mais il le fait dans une ignorance totale de ce à quoi il se propose de renoncer. ou même de la possibilité de faire cette renonciation. Le disciple en question n'est pas plus capable de faire une renonciation raisonnable de ce genre que le serait un enfant de trois ans.

Si vous à qui je parle faites partie de ce groupe, je vous assure que vous pourriez tout aussi bien dire que vous renoncerez à la période qui sépare les repas, et qui est consacrée à la digestion et à l'assimilation de vos aliments. En effet, le Dévachan est aussi nécessaire à l'âme que la période de digestion l'est au corps.

Si vous aviez atteint le niveau d'évolution où la nourriture matérielle n'est plus nécessaire à votre santé, comme c'est le cas pour les Initiés de niveau supérieur, alors vous pourriez faire cette déclaration en sachant mieux de quoi vous parlez. Au lieu de faire une renonciation impossible comme celle du Dévachan, vous devriez plutôt utiliser cette énergie à renforcer vos idéaux élevés, ou à en former de nouveaux qui ous fourniraient une substance à assimiler pendant votre vie dans le Dévachan. La nature de la vie inconsciente donne lieu à un grand nombre de mauvaises conceptions. Le Dévachan est supposé être un état d'illusion, un rêve. Si vous considérez votre vie actuelle comme un rêve, alors vous auriez raison de considérer le Dévachan comme un rêve, mais pas autrement, parce que l'un est aussi réel que l'autre.

Je vous demanderais : « Dans quelle mesure avez-vous pénétré les désirs, les motivations et les actes cachés de l'ami auquel vous êtes le plus fortement attaché ? » « Le fait que vous êtes totalement incapable d'atteindre ces endroits cachés n'est-il pas une des principales sources de l'insatisfaction que vous ressentez quand il ou elle est loin de vous, et, de façon moindre, même quand il ou elle est près de vous ? » Vous ne pouvez jamais vous approcher aussi près de votre ami que vous le désirez, et c'est parce que vous croyez qu'il possède des vertus que vous ne connaissez pas que vous désirez une intimité plus étroite avec lui. Ce ne sont pas les fautes, les faiblesses, les petites choses méprisables de sa nature inférieure que vous désirez tellement connaître. Votre expérience du Dévachan, en ce qui concerne un ami, est une pleine réalisation de ses qualités les plus élevées, une union de votre conscience avec les aspects supérieurs de son âme, et toutes les vertus et les beautés de l'esprit et du corps que vous croyez exister, et qui existent dans l'Être Supérieur de cet ami.

Pendant la vie terrestre, vous ne pouvez pas vous identifier de cette façon avec votre ami, mais vous pouvez « amasser des trésors dans le ciel' » par votre désir et votre appréciation des belles qualités et des belles choses au niveau où, pour parler métaphoriquement, aucune mite ou aucune rouille de l'être inférieur — l'être matériel — ne peut les corrompre ou les détruire, et où les voleurs ne peuvent venir vous les enlever. Si vous ne pouvez pas vous familiariser avec ces qualités et les intégrer à votre conscience pendant votre expérience dans le Dévachan, vous ne serez jamais capable de les manifester en vous-même, peu importe le nombre de vies terrestres que vous pourriez vivre.

Si grand que soit votre désir de revenir immédiatement en incarnation, aussi longtemps qu'il existera chez vous une seule qualité supérieure non développée, le Dévachan sera nécessaire et agréable pour vous. La majorité des êtres humains adultes ont absolument besoin du repos du Dévachan, tout comme ils ont besoin du repos que procure le sommeil. En effet, chez les personnes non développées, le cerveau astral — le siège des skandhas — devient aussi fatigué que le cerveau physique.

(source : Les Enseignements du Temple de Maître Hilarion)


Passages référencés dans cet article

CLEF, 205

(source : "La Clef de la Théosophie" d'Héléna Blavatsky, pp.205 et s.)

Notes et références

  1. Voyez La Clef de la Théosophie, p.205 et seq. (3ème éd. française).