Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde

De Esopedia

Le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde


Il y a environ une dizaine d'années, je suis entré dans une nouvelle phase de mon travail lorsque j'ai commencé à rédiger certaines brochures pour le grand public en attirant l'attention sur la situation du monde et sur le nouveau groupe des serviteurs du monde. Je m'efforçais ainsi d'ancrer sur terre, si je puis m'exprimer ainsi, une extériorisation, ou un symbole, du travail de la Hiérarchie. Assembler subjectivement et, si possible, objectivement, tous ceux qui étaient spirituellement enclins et animés d'un amour profond pour l'humanité et qui travaillaient activement dans de nombreuses régions, exigeait certainement un effort. Ils sont très nombreux ; certains sont connus des membres de l'Ecole, de F.B. et de A.A.B. ; j'en connais des milliers d'autres qu'ils ne connaissent pas ; dans leur travail, ils sont tous inspirés par la Hiérarchie et ils accomplissent, consciemment ou non, la tâche d'agents des Maîtres. Ils forment ensemble un groupement étroitement uni sur le plan intérieur par l'amour et l'intention spirituelle. Les uns sont des occultistes qui travaillent dans les divers groupes occultes ; certains sont des mystiques qui travaillent avec vision et amour ; d'autres appartiennent aux religions traditionnelles, d'autres enfin n'ont aucune affiliation spirituelle. Tous sont cependant animés d'un sentiment de responsabilité en ce qui concerne le bien-être des hommes ; ils se sont tous consacrés à aider leur prochain. Ce vaste groupe constitue actuellement le Sauveur du Monde ; il le sauvera et instaurera la nouvelle ère après la guerre. Les brochures que j'ai rédigées, dont la première s'intitule Les trois prochaines années 1, indiquent leurs plans et leurs desseins ; elles suggèrent certaines formes et méthodes de coopération avec le groupe de serviteurs du monde déjà existant et actif dans beaucoup de domaines.

Ceux qu'influence le nouveau groupe des serviteurs du monde, avec lesquels il cherche à travailler, et qui peuvent oeuvrer comme agents de ce groupe, nous les appelons les hommes de bonne volonté. J'ai fait un effort pour les atteindre en 1936, alors que, si tardivement, il y avait encore la possibilité d'éviter la guerre. Beaucoup se souviennent de cette campagne et de son succès relatif. Des millions de personnes avaient été touchées, de vive voix, par écrit ou par la radio ; mais il n'y eut pas alors un assez grand nombre de personnes spirituellement intéressées et qui pouvaient prendre les mesures nécessaires pour arrêter la vague de haine, de mal et d'agression, qui menaçait de submerger le monde. La guerre éclata en 1939, malgré tous les efforts de la Hiérarchie et de ceux qui travaillaient avec elle, et l'oeuvre inspirée par la bonne volonté dut être suspendue. Cette partie du travail où les membres de l'Ecole Arcane avaient cherché à servir et qui avait abouti à la création de dix-neuf centres de service dans un nombre égal de pays, avait dû être temporairement abandonnée ; mais temporairement seulement, mes frères, car la bonne volonté est la "force salvatrice" et l'expression de la volonté-de-bien qui anime le nouveau groupe des serviteurs du monde.

Je voudrais signaler ici que ce travail d'ancrer le nouveau groupe des serviteurs du monde et d'organiser le travail de bonne volonté n'a absolument rien à voir avec l'Ecole Arcane, sauf dans la mesure où l'opportunité est ainsi offerte aux membres de l'Ecole de participer à ce mouvement. Ils étaient complètement libres de le faire ou non ; beaucoup d'entre eux se désintéressèrent de cet effort, démontrant ainsi la liberté dont ils jouissaient et dont ils usaient.

Lorsque la guerre éclata et que, par la suite, le monde entier fut plongé dans le chaos, l'horreur, le désastre, la mort et l'épouvante, beaucoup de gens enclins spirituellement préférèrent se tenir à l'écart de la lutte. Ils ne constituaient pas une majorité, mais une minorité puissante et bruyante. Ils considéraient toute attitude partisane comme une violation de la loi de fraternité ; ils étaient prêts à sacrifier le bien de l'humanité à une impulsion sentimentale d'aimer tous les hommes d'une manière qui leur imposait de s'abstenir de toute action et de toute décision. Au lieu de dire "mon pays, à tort ou à raison", ils disaient "l'humanité, à tort ou à raison". Lorsque je rédigeai la brochure intitulée La Crise mondiale actuelle, ainsi que celles qui suivirent, relativement à la situation mondiale, je déclarai que la Hiérarchie approuvait l'attitude des Nations Unies et les buts poursuivis par les nations qui combattaient pour la liberté de l'humanité tout entière et pour la libération des peuples qui souffraient. La Hiérarchie se trouvait donc ainsi dans une position où elle ne pouvait pas approuver l'Axe. Beaucoup de ceux qui travaillaient à l'oeuvre de bonne volonté, ainsi qu'un certain nombre de personnes appartenant à l'Ecole, interprétèrent cette déclaration comme ayant une signification politique ; ils pensaient sans doute qu'une position de neutralité complète à l'égard du bien comme du mal était exigée des gens spirituellement enclins. Ces personnes ne voyaient pas les choses avec une clarté suffisante ; elles confondaient l'amour fraternel avec le refus de prendre parti ; elles oubliaient les paroles du Christ : "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi." Je répète ici ce que j'ai déjà dit si souvent. La Hiérarchie et tous ses membres, moi-même y compris, aiment l'humanité, mais se refusent à soutenir le mal, l'agression, la cruauté, et l'emprisonnement de l'âme humaine. Ils croient en la liberté, en la chance donnée à tous d'avancer sur la voie de la lumière, en un bienêtre donné à tous sans discrimination, en la bonté et au droit de tout homme de penser par lui-même, de s'exprimer et de travailler librement. Ils ne peuvent donc pas approuver les nations ou les individus de n'importe quelle nation qui sont opposés à la liberté et au bonheur des hommes. Dans leur amour et dans leur compréhension des circonstances, ils savent que, dans une vie ou des vies à venir, la majorité de ceux qui sont actuellement les ennemis de la liberté humaine seront eux-mêmes libres et fouleront la Voie lumineuse. En attendant, la force tout entière de la Hiérarchie est placée du côté des nations qui luttent pour libérer l'humanité, du côté de ceux qui, dans n'importe quelle nation, travaillent dans ce sens. Si le fait de se trouver du côté du bien et de la liberté est considéré préjudiciable spirituellement, alors la Hiérarchie fera en sorte de changer l'attitude des gens à l'égard de ce qui est spirituel.

Etant responsable de la transcription des brochures et, avec F.B., de leur publication et de leur diffusion, A.A.B. s'est trouvée dans une position difficile ; elle était la cible de critiques et d'attaques. Elle sait, cependant, que le temps ajuste toute chose et que le travail accompli, s'il est bien motivé, se justifie finalement de lui-même.

J'ai donc manifesté mon intérêt à trois aspects du travail les livres, l'Ecole Arcane et le nouveau groupe des serviteurs du monde. L'influence exercée sur le monde par ces trois aspects du travail a été nettement efficace et utile. La somme de travail utile accompli est ce qui compte, et non pas les critiques et l'incompréhension de ceux qui, fondamentalement, appartiennent à l'ordre ancien et à l'ère des Poissons. Ils ne peuvent donc pas voir l'apparition des nouvelles manières de vivre et des nouvelles approches de la vérité.

Pendant tout ce temps, je me suis tenu dans les coulisses. Je suis responsable des livres et des brochures qui ont l'autorité de la vérité, si vérité il y a, mais non l'autorité s'attachant à mon nom ou à une position que je pourrais revendiquer, ou encore que des curieux, des chercheurs et des dévots pourraient m'attribuer. Je n'ai en aucune façon participé à l'administration ou à la direction de l'Ecole Arcane ; je ne suis pas intervenu dans l'établissement de ses programmes ; A.A.B. en a pris toute la responsabilité. Mes livres et mes brochures ont été mis à la disposition des étudiants de l'Ecole comme ils ont été mis à la disposition du public en général.

J'ai cherché à faciliter le travail de la bonne volonté, dont la responsabilité repose sur Foster Bailey, en suggérant et en indiquant en quoi consiste le travail que s'efforce d'accomplir le nouveau groupe des serviteurs du monde, mais l'autorité attachée à mon nom n'a jamais été mise en jeu, ni ne le sera jamais.

L'ensemble de toutes ces activités a été satisfaisant ; il n'y a eu que peu d'incompréhension, et seulement à l'occasion de l'équipement individuel et de l'attitude critique. La critique est saine à condition de n'être pas destructive.


(source : "Autobiographie inachevée" d'Alice Bailey, appendice "Mon Oeuvre" écrit par le Tibétain, pp.250-253)