Bétyles

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Betyles, du phénicien. Pierres magiques. Les écrivains anciens les nomment les "pierres animées" : pierres oraculaires que aussi bien les Gentils que les Chrétiens utilisaient et auxquelles ils croyaient (voir la Doctrine Secrète, III., 432).

(source : "Glossaire Théosophique" d'Héléna Blavatsky)


Passages référencés dans l'article

Nous renvoyons à l'Académie des Inscriptions ceux des lecteurs qui désireraient étudier les diverses propriétés des silex et des cailloux au point de vue de la Magie et des pouvoirs psychiques. Dans un poème sur les "Pierres" attribué à Orphée, celles-ci sont divisées en Ophites et Sidérites, la "Pierre-Serpent" et la "Pierre-étoile". L'ophite est raboteuse, dure lourde et noire et a le don de la parole ; quand on se prépare à la jeter, elle émet un son ressemblant au cri d'un enfant. C'est au moyen de cette pierre qu'Hélénus prédit la ruine de Troie, sa patrie. 800 Sanchoniaton et Philon de Byblos, lorsqu'ils font allusion à ces "bétyles" les appellent des "pierres animées". Photius répète ce que Damascius, Asclépiade, Isidore et le médecin Eusèbe ont affirmé avant lui. Eusèbe surtout ne se séparait jamais de ses Ophites, qu'il portait sur son sein, et il en recevait des oracles rendus avec une petite voix ressemblant à un faible sifflement 801. Arnobius, homme pieux qui "de païen qu'il était, avait fini par devenir une des lumières de l'Eglise", disent les Chrétiens à leurs lecteurs, confesse qu'il ne pouvait jamais se trouver en face d'une pierre de ce genre, sans lui poser une question "à laquelle elle répondait parfois d'une petite voix claire et aiguë". Nous demandons donc où gît la différence entre les Ophites Chrétiens et Païens. La fameuse pierre de Westminster était appelée liafail, "la pierre qui parle" et n'élevait la voix que pour nommer le roi qu'il fallait choisir. Cambry, dans ses Monuments Celtiques, dit qu'il la vit lorsqu'elle portait encore l'inscription suivante 802 : [III 429] Ni fallat fatum, Scoti quocumque locatum Invenient lapident, regnasse tenantur ibidem. 803 Finalement, Suidas parle d'un certain Heræscus, qui distinguait, d'un seul coup d'œil, les pierres inanimées de celles qui étaient douées de mouvement et Pline mentionne des pierres qui "fuyaient lorsqu'une main se tendait vers elles" 804. De Mirville – qui cherche à justifier la Bible – se demande avec beaucoup d'à-propos pourquoi les monstrueuses pierres de Stonehenge étaient jadis appelées chior-gaur ou "la danse des géants" (de côr, "danse", d'où vient chorée et de gaur "géant"). Il renvoie alors le lecteur à l'évêque Saint-Gildas pour recevoir une réponse, mais les auteurs d'ouvrages comme le Voyage dans le Comté de Cornouailles, sur les Traces des Géants et autres savants ouvrages sur les ruines de Stonehenge 805, Carnac et West Hoadley, donnent des renseignements bien plus complets et bien plus dignes de foi sur ce sujet spécial. Dans ces endroits – véritables forêts de rochers – on trouve d'immenses monolithes, "dont quelques-uns pèsent plus de 500.000 kilogrammes". Les "pierres suspendues" de la plaine de Salisbury sont considérées comme les restes d'un temple Druidique. Mais les Druides étaient des hommes historiques et non des Cyclopes ou des géants. Qui donc, si ce n'est des géants, aurait jamais pu soulever de pareilles masses – principalement celles que l'on trouve à Carnac et à West-Hoadley – les ranger symétriquement de façon qu'elles représentent le planisphère, et les placer si merveilleusement en équilibre qu'elles semblent à peine toucher le sol et que, bien que le moindre attouchement du doigt les fasse bouger, elles résistent aux efforts de vingt hommes cherchant à les déplacer. Si nous disons que ces pierres sont, en majeure partie, des vestiges des derniers Atlantes, on nous répondra que [III 430] tous les Géologues leur reconnaissent une origine naturelle ; que lorsqu'un rocher s'effrite – c'est-àdire lorsqu'il perd des parcelles successives sous l'action du temps – il revêt cette forme et que les "tors" de l'Ouest de l'Angleterre exhibent des formes curieuses, qui sont aussi dues à la même cause. Donc, puisque tous les Savants considèrent que "les pierres oscillantes ont une origine purement naturelle et que le vent, la pluie, etc., provoquent la désagrégation, par couches, des rochers" – l'exactitude de notre affirmation sera niée, d'autant plus "que nous voyons actuellement se produire autour de nous, ce processus de modification des roches". Examinons cette question. Lisez d'abord ce que la Géologie nous en dit et vous apprendrez que ces masses gigantesques sont souvent complètement étrangères à la contrée où elles se trouvent maintenant fixées ; que leurs congénères géologiques appartiennent souvent à des couches inconnues dans ces contrées et que l'on ne trouve que bien loin au delà des mers. M. William Tooke, dans ses spéculations sur les énormes blocs de granit qui sont éparpillés dans la Russie Méridionale et la Sibérie, dit au lecteur que là où ils se trouvent aujourd'hui, il n'existe ni rochers, ni montagnes et qu'ils ont dû être transportés "à d'énormes distances et grâce à des efforts prodigieux" 806. Charton parle d'un spécimen d'une roche de ce genre en Irlande et qui fut soumis à l'analyse d'un éminent Géologue Anglais, qui attribua à cette roche une origine étrangère "peut-être même Africaine" 807. C'est là une étrange coïncidence, car la tradition Irlandaise fait remonter l'origine de ces roches circulaires à un Sorcier qui les apporta d'Afrique. De Mirville voit dans ce Sorcier "un Hamite maudit" 808. Nous voyons en lui un sombre Atlante et peut-être même un Lémurien, plus ancien encore, qui aurait vécu jusqu'à l'apparition des Iles Britanniques – en tout cas, nous voyons en lui un géant 809. Cambry s'écrie naïvement : Les hommes n'ont rien à voir à cela... car la puissance et l'industrie humaines n'auraient jamais pu entreprendre une pareille [III 431] chose. La Nature seule a tout fait [!!] et la science le démontrera un jour [!!]. 810 Il n'en est pas moins vrai que ce fut fait par une puissance humaine, bien que gigantesque et pas plus par la "Nature" seule que par Dieu ou le Diable. "La Science", ayant entrepris de démontrer que le Mental et l'Esprit ne sont eux-mêmes que de simples productions de "forces aveugles" est bien capable d'assumer cette tâche et nous la verrons peut-être un beau jour chercher à prouver que la Nature seule a aligné les roches gigantesques de Stonehenge, qu'elle seule a fixé leurs positions avec une précision mathématique, leur a donné la forme de la planisphère de Dendera et des signes du Zodiaque et a transporte des pierres pesant plus d'un million de livres d'Afrique et d'Asie, jusqu'en Angleterre et en Irlande ! Il est vrai que Cambry se rétracta plus tard, lorsqu'il écrivit : J'ai longtemps cru à la Nature, mais je me rétracte... attendu que le hasard est incapable de créer d'aussi merveilleuses combinaisons... et ceux qui ont placé ces roches en équilibre, sont les mêmes que ceux qui ont dressé les masses mouvantes de l'étang d'Huelgoat, près de Concarneau. Le Dr John Watson, que cite ce même auteur, dit, en parlant des roches mouvantes, ou "pierres branlantes", qui sont situées sur la rampe de Golcar ("l'Enchanteur") : Les étonnants mouvements de ces masses placées en équilibre les firent comparer à des Dieux par les Celtes. 811 Dans l'ouvrage de Flinders Petrie, intitulé Stonehenge, on lit : Stonehenge est construit avec la pierre de la région, un grés rouge, ou pierre de "sarsen" appelée dans la contrée "moutons gris", mais quelques-unes de ces pierres, surtout celles que l'on dit avoir eu une destination astronomique, ont été apportées de loin, probablement du Nord de l'Irlande. Citons, pour conclure, les réflexions d'un Savant exposées dans un article sur ce sujet, publié en 1850 dans la Revue Archéologique et qui mérite d'être cité : Chaque pierre est un bloc dont le poids mettrait à l'épreuve les plus puissantes machines. En un mot, on trouve éparpillées sur [III 432] toute la surface du globe, des masses en présence desquelles le mot matériaux semble dépourvu de sens, dont l'aspect confond l'imagination et auxquelles il a fallu donner un nom aussi colossal que les masses elles-mêmes. En outre, ces immenses pierres oscillantes, appelées parfois routers (qui mettent en déroute), dressées sur une de leurs extrémités comme sur un point, dans un équilibre si parfait que le moindre contact suffit à les mettre en mouvement... trahissent une connaissance positive de la statique chez ceux qui les ont placées. Les mouvements opposés réciproques, les surfaces planes, convexes et concaves tour à tour... tout cela les rattache aux monuments Cyclopéens dont on peut dire avec raison, en répétant les paroles de La Véga, que "les démons semblent y avoir travaillé plus que les hommes". 812 Pour une fois nous sommes d'accord avec nos amis et ennemis les Catholiques Romains, et nous demandons si de pareils prodiges de statique et d'équilibre, réalisés avec des masses pesant des millions de livres, peuvent être l'œuvre de sauvages du Paléolithique, d'hommes des cavernes, d'une taille supérieure à celle de la moyenne des hommes de notre siècle, mais simples mortels comme nous le sommes ? Notre intention n'est pas de faire allusion aux multiples traditions qui se rattachent aux roches oscillantes, cependant, il ne serait pas mauvais de rappeler aux lecteurs anglais Giraldus Cambrensis, qui parle d'une pierre de ce genre qui se trouvait dans l'île de Mona et qui revenait à sa place, en dépit de tous les efforts que l'on faisait pour la maintenir ailleurs. A l'époque de la conquête de l'Irlande par Henry II, un certain comte Hugo Cestrensis, désireux de se convaincre de la réalité de ce fait, fit attacher la pierre de Mona à une pierre beaucoup plus [III 433] grosse et les fit jeter à la mer. Le lendemain matin on retrouva la pierre à sa place habituelle. Le savant William de Salisbury garantit le fait et témoigne de la présence de la pierre dans le mur d'une église où il l'avait vue en 1554. Cela nous rappelle ce que dit Pline au sujet de la pierre laissée par les Argonautes à Cyzicum et que les habitants de la ville avaient placée dans le prytanée, "d'où elle s'échappa plusieurs fois, si bien que l'on dut l'alourdir au moyen de plomb" 813. Nous avons donc d'immenses pierres que toute l'antiquité déclarait être "vivantes, mouvantes, parlantes et marchantes". Elles semblent aussi avoir été capables de faire fuir les gens, puisqu'on les appelait des routers, du verbe "to rout", mettre en déroute, et des Mousseaux nous les dépeint comme étant toutes des pierres prophétiques, que l'on appelait parfois pierres-folles" 814. La roche oscillante est acceptée par la science, mais pourquoi oscillaitelle ? Il faut être aveugle pour ne pas voir que ce mouvement constituait un moyen de plus de divination et que c'est pour cette raison qu'on les "appelait pierres de vérité" 815.


(source : "La Doctrine Secrète" d'Héléna Blavatsky, III, p.428-432)