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'''Porphyre''', du grec. Un [[Néo-platonicien]] et écrivain de grande distinction, le second seulement après [[Plotin]] comme instructeur et philosophe. Il était natif de [[Tyr]] dans la première moitié du [[troisième]] siècle de notre ère puisqu'il se dénommait le [[Tyrien]] et qu'on suppose qu'il était de famille [[juive]]. Bien que lui-même fut complètement hellénisé et païen, son nom, [[Mélek]] (un roi), semble effectivement indiquer qu'il avait du sang sémite dans les veines. De tous les Néo-platoniciens, les critiques modernes le considèrent, fort à bon droit, comme le plus posé et celui à l'esprit philosophique le plus pratique. Écrivain de valeur, il fut particulièrement fameux pour la controverse qui l'opposa à [[Jamblique]] sur le problème des maux qui accompagnent la pratique de la [[théurgie]]. Il fut pourtant finalement converti à la manière de voir de son adversaire. [[Mystique]] de naissance, il suivit, ainsi que l'avait fait son maître Plotin, l'entraînement du pur [[Raja Yoga]] indien, qui conduit à l'union de l'[[Âme]] avec la Sur-Âme ou [[Soi-Supérieur]] ([[Buddhi]]-[[Manas]]). Il se plaint, cependant, qu'en dépit de tous ses efforts, il ait été empêché d'atteindre à cet état d'extase avant l'âge de [[soixante]] ans, tandis que Plotin y était fort accoutumé. Il en fut ainsi, probablement, pour cette raison que tandis que son maître tenait la vie physique et le corps dans un profond dédain, limitant la recherche philosophique à ces régions où la vie et la pensée deviennent éternelles et divines, Porphyre consacra le plus clair de son temps à traiter de considérations qui touchaient à la relation entre la philosophie et la vie pratique. "Les fins de la philosophie sont pour lui la moralité", dit un biographe, "nous pourrions presque dire la sainteté — la guérison des infirmités de l'homme, lui faire connaître une vie plus pure et plus robuste. Le simple savoir, pourtant authentique, n'est pas suffisant en lui-même ; le savoir a pour objet la vie vécue en accord avec le [[Nous]]" — " la raison", traduit son biographe. Cependant puisque nous interprétons le Nous, non pas comme raison, mais comme esprit (Manas) ou [[Égo]] divin éternel dans l'homme, nous devrions traduire l'idée [[ésotériquement]] et la rendre par "le savoir occulte ou secret a pour objet la vie terrestre vécue en conformité avec le Nous, ou l'Égo qui se [[Réincarnation|réincarne]] éternellement", ce qui serait plus en accord avec l'idée de Porphyre, ainsi qu'elle l'est avec la philosophie [[ésotérique]] (voir ''De Abstinentia'', i. 29, de Porphyre). De tous les Néo-platoniciens, c'est Porphyre qui approcha de plus près la [[théosophie]] réelle telle qu'elle est maintenant enseignée par l'école secrète orientale. Ceci est démontré par tous nos critiques et écrivains modernes qui ont traité de l'École d'[[Alexandrie]], car "il était d'avis que l'[[Âme]] doit être, autant que possible, libérée des liens de la [[matière]],...être prête... à se détacher de la totalité du corps" (Ad Marcellam, 34.). Il recommande la pratique de l'abstinence, disant que "nous serions semblables aux [[dieux]] si nous pouvions nous abstenir de nourriture végétale aussi bien qu'animale". Il accepte avec réticence la théurgie et l'incantation mystique car ces [[deux]] méthodes sont "impuissantes à purifier le principe [[noëtique]] ([[manasique]]) de l'âme ; la théurgie ne peut que nettoyer la partie inférieure ou psychique, et la rendre capable de percevoir les êtres inférieurs tels que [[fantômes]], [[anges]] et dieux" ([[Augustin]], ''De Civitate Dei'', X. 9.), précisément ce que la théosophie enseigne. "Ne souille pas la divinité", ajoute-t-il, "avec les fausses conceptions des humains ; vous ne ferez pas tort à ce qui est pour toujours béni (Buddhi-Manas) mais vous vous rendrez aveugles à la perception des vérités les plus grandes et les plus vitales" (Ad Marcellam, 18.)." Si nous voulons être libres des assauts des esprits du [[mal]], nous devons nous garder détachés de ces choses sur lesquelles les esprits du mal ont pouvoir, car ils n'attaquent pas l'âme pure qui ne possède aucune affinité avec eux" (''De Abstinentia'', II., 43.). Ceci est encore notre enseignement. Les Pères de l'[[Église]] tenaient Porphyre pour l'ennemi le plus implacable et le plus irréconciliable du [[Christianisme]]. Enfin, et une fois de plus comme dans la théosophie moderne, Porphyre — comme tous les Néo-platoniciens, d'après [[saint Augustin]] — priait le [[Christ]] tandis qu'il dénigrait le Christianisme" : [[Jésus]], prétendait-il — comme nous le prétendons nous-mêmes — "n'a rien dit lui-même contre les divinités païennes, mais c'est par leur aide qu'il accomplit des prodiges". "Ils ne pouvaient pas l'appeler "Dieu" comme le faisaient ses [[disciples]], mais ils l'honoraient comme l'un des meilleurs et des plus sages parmi les hommes" (''De Civitate Dei'', xix., 23.). Cependant, "même au plus fort de la controverse, rarement un mot semble avoir été prononcé contre la vie privée de Porphyre. Son système prescrivait la pureté et... il la pratiquait". (Voir ''A Dictionary of Christian Biography'', Vol. IV., "Porphyry").
'''Porphyre''', du grec. Un [[Néo-platonicien]] et écrivain de grande distinction, le second seulement après [[Plotin]] comme instructeur et philosophe. Il était natif de [[Tyr]] dans la première moitié du troisième siècle de notre ère puisqu'il se dénommait le [[Tyrien]] et qu'on suppose qu'il était de famille [[juive]]. Bien que lui-même fut complètement hellénisé et païen, son nom, [[Mélek]] (un roi), semble effectivement indiquer qu'il avait du sang sémite dans les veines.  
 
De tous les Néo-platoniciens, les critiques modernes le considèrent, fort à bon droit, comme le plus posé et celui à l'esprit philosophique le plus pratique. Écrivain de valeur, il fut particulièrement fameux pour la controverse qui l'opposa à [[Jamblique]] sur le problème des maux qui accompagnent la pratique de la [[théurgie]]. Il fut pourtant finalement converti à la manière de voir de son adversaire.  
 
[[Mystique]] de naissance, il suivit, ainsi que l'avait fait son maître Plotin, l'entraînement du pur [[Raja Yoga]] indien, qui conduit à l'union de l'[[Âme]] avec la Sur-Âme ou [[Soi-Supérieur]] ([[Buddhi]]-[[Manas]]). Il se plaint, cependant, qu'en dépit de tous ses efforts, il ait été empêché d'atteindre à cet état d'extase avant l'âge de [[soixante]] ans, tandis que Plotin y était fort accoutumé. Il en fut ainsi, probablement, pour cette raison que tandis que son maître tenait la vie physique et le corps dans un profond dédain, limitant la recherche philosophique à ces régions où la vie et la pensée deviennent éternelles et divines, Porphyre consacra le plus clair de son temps à traiter de considérations qui touchaient à la relation entre la philosophie et la vie pratique.  
 
"Les fins de la philosophie sont pour lui la moralité", dit un biographe, "nous pourrions presque dire la sainteté — la guérison des infirmités de l'homme, lui faire connaître une vie plus pure et plus robuste. Le simple savoir, pourtant authentique, n'est pas suffisant en lui-même ; le savoir a pour objet la vie vécue en accord avec le [[Nous]]" — " la raison", traduit son biographe.  
 
Cependant puisque nous interprétons le Nous, non pas comme raison, mais comme esprit ([[Manas]]) ou [[Égo]] divin éternel dans l'homme, nous devrions traduire l'idée [[ésotériquement]] et la rendre par "le savoir [[occulte]] ou secret a pour objet la vie terrestre vécue en conformité avec le Nous, ou l'Égo qui se [[Réincarnation|réincarne]] éternellement", ce qui serait plus en accord avec l'idée de Porphyre, ainsi qu'elle l'est avec la philosophie [[ésotérique]] (voir ''De Abstinentia'', i. 29, de Porphyre).  
 
De tous les Néo-platoniciens, c'est Porphyre qui approcha de plus près la [[théosophie]] réelle telle qu'elle est maintenant enseignée par l'école secrète orientale. Ceci est démontré par tous nos critiques et écrivains modernes qui ont traité de l'École d'[[Alexandrie]], car "il était d'avis que l'[[Âme]] doit être, autant que possible, libérée des liens de la [[matière]],...être prête... à se détacher de la totalité du corps" (''Ad Marcellam'', 34.). Il recommande la pratique de l'abstinence, disant que "nous serions semblables aux [[dieux]] si nous pouvions nous abstenir de nourriture végétale aussi bien qu'animale". Il accepte avec réticence la [[théurgie]] et l'incantation [[mystique]] car ces [[deux]] méthodes sont "impuissantes à purifier le principe [[noëtique]] ([[manasique]]) de l'âme ; la théurgie ne peut que nettoyer la partie inférieure ou psychique, et la rendre capable de percevoir les êtres inférieurs tels que [[fantômes]], [[anges]] et [[dieux]]" ([[Augustin]], ''De Civitate Dei'', X. 9.), précisément ce que la théosophie enseigne.  
 
"Ne souille pas la divinité", ajoute-t-il, "avec les fausses conceptions des humains ; vous ne ferez pas tort à ce qui est pour toujours béni (Buddhi-Manas) mais vous vous rendrez aveugles à la perception des vérités les plus grandes et les plus vitales" (''Ad Marcellam'', 18.)." Si nous voulons être libres des assauts des esprits du [[mal]], nous devons nous garder détachés de ces choses sur lesquelles les esprits du mal ont pouvoir, car ils n'attaquent pas l'âme pure qui ne possède aucune affinité avec eux" (''De Abstinentia'', II., 43.). Ceci est encore notre [[enseignement]].  
 
Les Pères de l'[[Église]] tenaient Porphyre pour l'ennemi le plus implacable et le plus irréconciliable du [[Christianisme]]. Enfin, et une fois de plus comme dans la théosophie moderne, Porphyre — comme tous les Néo-platoniciens, d'après [[saint Augustin]] — priait le [[Christ]] tandis qu'il dénigrait le [[Christianisme]]" : [[Jésus]], prétendait-il — comme nous le prétendons nous-mêmes — "n'a rien dit lui-même contre les divinités païennes, mais c'est par leur aide qu'il accomplit des prodiges". "Ils ne pouvaient pas l'appeler "Dieu" comme le faisaient ses [[disciples]], mais ils l'honoraient comme l'un des meilleurs et des plus sages parmi les hommes" (''De Civitate Dei'', xix., 23.). Cependant, "même au plus fort de la controverse, rarement un mot semble avoir été prononcé contre la vie privée de Porphyre. Son système prescrivait la pureté et... il la pratiquait".
 
(Voir ''A Dictionary of Christian Biography'', Vol. IV., "Porphyry").
 


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Dernière version du 14 avril 2009 à 21:44

Porphyre, du grec. Un Néo-platonicien et écrivain de grande distinction, le second seulement après Plotin comme instructeur et philosophe. Il était natif de Tyr dans la première moitié du troisième siècle de notre ère puisqu'il se dénommait le Tyrien et qu'on suppose qu'il était de famille juive. Bien que lui-même fut complètement hellénisé et païen, son nom, Mélek (un roi), semble effectivement indiquer qu'il avait du sang sémite dans les veines.

De tous les Néo-platoniciens, les critiques modernes le considèrent, fort à bon droit, comme le plus posé et celui à l'esprit philosophique le plus pratique. Écrivain de valeur, il fut particulièrement fameux pour la controverse qui l'opposa à Jamblique sur le problème des maux qui accompagnent la pratique de la théurgie. Il fut pourtant finalement converti à la manière de voir de son adversaire.

Mystique de naissance, il suivit, ainsi que l'avait fait son maître Plotin, l'entraînement du pur Raja Yoga indien, qui conduit à l'union de l'Âme avec la Sur-Âme ou Soi-Supérieur (Buddhi-Manas). Il se plaint, cependant, qu'en dépit de tous ses efforts, il ait été empêché d'atteindre à cet état d'extase avant l'âge de soixante ans, tandis que Plotin y était fort accoutumé. Il en fut ainsi, probablement, pour cette raison que tandis que son maître tenait la vie physique et le corps dans un profond dédain, limitant la recherche philosophique à ces régions où la vie et la pensée deviennent éternelles et divines, Porphyre consacra le plus clair de son temps à traiter de considérations qui touchaient à la relation entre la philosophie et la vie pratique.

"Les fins de la philosophie sont pour lui la moralité", dit un biographe, "nous pourrions presque dire la sainteté — la guérison des infirmités de l'homme, lui faire connaître une vie plus pure et plus robuste. Le simple savoir, pourtant authentique, n'est pas suffisant en lui-même ; le savoir a pour objet la vie vécue en accord avec le Nous" — " la raison", traduit son biographe.

Cependant puisque nous interprétons le Nous, non pas comme raison, mais comme esprit (Manas) ou Égo divin éternel dans l'homme, nous devrions traduire l'idée ésotériquement et la rendre par "le savoir occulte ou secret a pour objet la vie terrestre vécue en conformité avec le Nous, ou l'Égo qui se réincarne éternellement", ce qui serait plus en accord avec l'idée de Porphyre, ainsi qu'elle l'est avec la philosophie ésotérique (voir De Abstinentia, i. 29, de Porphyre).

De tous les Néo-platoniciens, c'est Porphyre qui approcha de plus près la théosophie réelle telle qu'elle est maintenant enseignée par l'école secrète orientale. Ceci est démontré par tous nos critiques et écrivains modernes qui ont traité de l'École d'Alexandrie, car "il était d'avis que l'Âme doit être, autant que possible, libérée des liens de la matière,...être prête... à se détacher de la totalité du corps" (Ad Marcellam, 34.). Il recommande la pratique de l'abstinence, disant que "nous serions semblables aux dieux si nous pouvions nous abstenir de nourriture végétale aussi bien qu'animale". Il accepte avec réticence la théurgie et l'incantation mystique car ces deux méthodes sont "impuissantes à purifier le principe noëtique (manasique) de l'âme ; la théurgie ne peut que nettoyer la partie inférieure ou psychique, et la rendre capable de percevoir les êtres inférieurs tels que fantômes, anges et dieux" (Augustin, De Civitate Dei, X. 9.), précisément ce que la théosophie enseigne.

"Ne souille pas la divinité", ajoute-t-il, "avec les fausses conceptions des humains ; vous ne ferez pas tort à ce qui est pour toujours béni (Buddhi-Manas) mais vous vous rendrez aveugles à la perception des vérités les plus grandes et les plus vitales" (Ad Marcellam, 18.)." Si nous voulons être libres des assauts des esprits du mal, nous devons nous garder détachés de ces choses sur lesquelles les esprits du mal ont pouvoir, car ils n'attaquent pas l'âme pure qui ne possède aucune affinité avec eux" (De Abstinentia, II., 43.). Ceci est encore notre enseignement.

Les Pères de l'Église tenaient Porphyre pour l'ennemi le plus implacable et le plus irréconciliable du Christianisme. Enfin, et une fois de plus comme dans la théosophie moderne, Porphyre — comme tous les Néo-platoniciens, d'après saint Augustin — priait le Christ tandis qu'il dénigrait le Christianisme" : Jésus, prétendait-il — comme nous le prétendons nous-mêmes — "n'a rien dit lui-même contre les divinités païennes, mais c'est par leur aide qu'il accomplit des prodiges". "Ils ne pouvaient pas l'appeler "Dieu" comme le faisaient ses disciples, mais ils l'honoraient comme l'un des meilleurs et des plus sages parmi les hommes" (De Civitate Dei, xix., 23.). Cependant, "même au plus fort de la controverse, rarement un mot semble avoir été prononcé contre la vie privée de Porphyre. Son système prescrivait la pureté et... il la pratiquait".

(Voir A Dictionary of Christian Biography, Vol. IV., "Porphyry").


(source : "Glossaire Théosophique" d'Héléna Blavatsky)