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« La Kabbale ou la philosophie religieuse des Hébreux » : différence entre les versions

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Aujourd'hui la situation est très différente. Dégoûtés des doctrines positivistes, évolutionnistes ou brutalement athées qui dominent aujourd'hui dans notre pays et qui affectent de régenter non seulement la science, mais la société, un grand nombre d'esprits se tournent vers l'Orient, berceau des religions, patrie originelle des idées mystiques, et parmi les doctrines qu'ils s'efforcent de remettre en honneur, la ''Kabbale'' n'est pas oubliée. J'en citerai plusieurs preuves. Il faut d'abord qu'on sache que, sous le nom de ''Société Théosophique'', il existe une vaste association qui, de l'Inde, a passé en Amérique et en Europe, en poussant de vigoureuses ramifications dans les Etats-Unis, en Angleterre et en France. Cette association n'est pas livrée au hasard, elle a sa hiérarchie, son organisation, sa littérature, ses revues et ses journaux. Son organe principal en France s'appelle le ''Lotus''. C'est une publication périodique d'un très grand intérêt, qui emprunte au bouddhisme le fond des idées, sans avoir la prétention d'y enchaîner les esprits en leur interdisant les recherches nouvelles et les tentatives de transformation. Sur ce fond bouddhiste se développent souvent des considérations et des citations textuelles empruntées à la ''Kabbale''. Il y a même une des branches de la Société théosophique, une branche française appelée l'''Ysis'', qui a publié, dans le cours de l'année dernière, une traduction inédite du ''Sepher ietzirah'', un des deux livres kabbalistiques qui passent pour les plus anciens et les plus importants. Ce que vaut cette traduction, ce que valent surtout les commentaires qui l'accompagnent, je n'ai pas à l'examiner ici. Je dirai seulement, pour donner une idée de l'esprit qui a inspiré l'auteur de ce travail que, selon lui, « la ''Kabbale'' est la religion unique dont tous les cultes sont des éménations<ref>Avant-propos, p.4 (''La Kabbale'' d'Adolphe Franck, Avant-propos, note p.II)</ref>. »
Aujourd'hui la situation est très différente. Dégoûtés des doctrines positivistes, évolutionnistes ou brutalement athées qui dominent aujourd'hui dans notre pays et qui affectent de régenter non seulement la science, mais la société, un grand nombre d'esprits se tournent vers l'Orient, berceau des religions, patrie originelle des idées mystiques, et parmi les doctrines qu'ils s'efforcent de remettre en honneur, la ''Kabbale'' n'est pas oubliée. J'en citerai plusieurs preuves. Il faut d'abord qu'on sache que, sous le nom de ''Société Théosophique'', il existe une vaste association qui, de l'Inde, a passé en Amérique et en Europe, en poussant de vigoureuses ramifications dans les Etats-Unis, en Angleterre et en France. Cette association n'est pas livrée au hasard, elle a sa hiérarchie, son organisation, sa littérature, ses revues et ses journaux. Son organe principal en France s'appelle le ''Lotus''. C'est une publication périodique d'un très grand intérêt, qui emprunte au bouddhisme le fond des idées, sans avoir la prétention d'y enchaîner les esprits en leur interdisant les recherches nouvelles et les tentatives de transformation. Sur ce fond bouddhiste se développent souvent des considérations et des citations textuelles empruntées à la ''Kabbale''. Il y a même une des branches de la Société théosophique, une branche française appelée l'''Ysis'', qui a publié, dans le cours de l'année dernière, une traduction inédite du ''Sepher ietzirah'', un des deux livres kabbalistiques qui passent pour les plus anciens et les plus importants. Ce que vaut cette traduction, ce que valent surtout les commentaires qui l'accompagnent, je n'ai pas à l'examiner ici. Je dirai seulement, pour donner une idée de l'esprit qui a inspiré l'auteur de ce travail que, selon lui, « la ''Kabbale'' est la religion unique dont tous les cultes sont des éménations<ref>Avant-propos, p.4 (''La Kabbale'' d'Adolphe Franck, Avant-propos, note p.II)</ref>. »


Une autre ''Revue'' également consacrée à la propagande théosophique et dans laquelle, par une conséquence nécessaire, la ''Kabbale'' intervient fréquemment, est celle qu'a fondée, que dirige et que rédige en grande partie lady Caithness, duchesse de Pomar. Son nom, presque le même que celui que le grand théosophe allemand Jacob Boehm a donné à son premier ouvrage, c'est l'''Aurore''. Le but de l'''Aurore'' n'est pas tout à fait le même que celui du ''Lotus''. Le bouddhisme n'y tient pas le premier rang au préjudice du christianisme ; mais, à l'aide d'une interprétation ésotérique des textes sacrés, les deux religions sont mises d'accord entre elles et présentées comme le fonds commun de toutes les autres. Cette interprétation ésotérique est certainement un des principaux éléments de la ''Kabbale'' ; mais celle-ci est aussi mise à contribution d'une manière directe, sous le nom de ''théosophie sémitique''. Je ne me porte pas garant de l'exactitude avec laquelle elle est exposée ; je me borne à signaler la vive préoccupation dont elle est l'objet dans le très curieux recueil de Mme la duchesse de Pomar.  
Une autre ''Revue'' également consacrée à la propagande théosophique et dans laquelle, par une conséquence nécessaire, la ''Kabbale'' intervient fréquemment, est celle qu'a fondée, que dirige et que rédige en grande partie lady Caithness, duchesse de Pomar. Son nom, presque le même que celui que le grand théosophe allemand Jacob Boehm a donné à son premier ouvrage, c'est l<nowiki>'</nowiki>''Aurore''. Le but de l'''Aurore'' n'est pas tout à fait le même que celui du ''Lotus''. Le bouddhisme n'y tient pas le premier rang au préjudice du christianisme ; mais, à l'aide d'une interprétation ésotérique des textes sacrés, les deux religions sont mises d'accord entre elles et présentées comme le fonds commun de toutes les autres. Cette interprétation ésotérique est certainement un des principaux éléments de la ''Kabbale'' ; mais celle-ci est aussi mise à contribution d'une manière directe, sous le nom de ''théosophie sémitique''. Je ne me porte pas garant de l'exactitude avec laquelle elle est exposée ; je me borne à signaler la vive préoccupation dont elle est l'objet dans le très curieux recueil de Mme la duchesse de Pomar.  


Pourquoi ne parlerai-je pas aussi de l'''Initiation'', bien qu'elle ne compte encore que quatre mois d'existence <ref>Son premier numéro porte la date d'octobre 1888. (''La Kabbale'' d'Adolphe Franck, Avant-propos, note p.III)</ref>? Ce nom seul d'''Initiation'' vous dit bien des choses, vous met sur le seuil de bien des sanctuaires fermés aux profanes, et, en effet, cette jeune Revue, qui prend sur sa couverture le titre de « Revue philosophique et indépendante des hautes études », est exclusivement vouée aux sciences, ou tout au moins aux objets de recherche, aux sujets de curiosité et de conjectures les plus suspects aux yeux de la science reconnue et même de l'opinion publique, de celle qui passe pour être l'organe du sens commun. Dans ce nombre figurent d'une manière générale la théosophie, les sciences occultes, l'hypnotisme, la franc-maçonnerie, l'alchimie, l'astrologie, le magnétisme animal, la physiognomonie, le spiritisme, etc., etc.
Pourquoi ne parlerai-je pas aussi de l<nowiki>'</nowiki>''Initiation'', bien qu'elle ne compte encore que quatre mois d'existence <ref>Son premier numéro porte la date d'octobre 1888. (''La Kabbale'' d'Adolphe Franck, Avant-propos, note p.III)</ref>? Ce nom seul d'''Initiation'' vous dit bien des choses, vous met sur le seuil de bien des sanctuaires fermés aux profanes, et, en effet, cette jeune Revue, qui prend sur sa couverture le titre de « Revue philosophique et indépendante des hautes études », est exclusivement vouée aux sciences, ou tout au moins aux objets de recherche, aux sujets de curiosité et de conjectures les plus suspects aux yeux de la science reconnue et même de l'opinion publique, de celle qui passe pour être l'organe du sens commun. Dans ce nombre figurent d'une manière générale la théosophie, les sciences occultes, l'hypnotisme, la franc-maçonnerie, l'alchimie, l'astrologie, le magnétisme animal, la physiognomonie, le spiritisme, etc., etc.


Dès qu'il est question de théosophie, on est sûr de voir apparaître la Kabbale. L'''Initiation'' ne manque pas d'obéir à cette loi. La Kabbale, « la sainte Kabbale », comme il l'appelle, lui est chère. Mais elle fait fréquemment appel à son autorité ; mais on remarque particulièrement, dans son deuxième numéro, un article de M. René Caillé sur le ''Royaume de Dieu'' par Albert Jhouney, où la doctrine du ''Zohar'', le plus important des deux livres kabbalistiques, sert de base à une Kabbale chrétienne formée des idées de Saint-Martin, dit le « Philosophe inconnu », le rénovateur inconscient de la doctrine d'Origène. C'est aussi une Kabbale chrétienne que propose M. l'abbé Roca dans un des premiers numéros du ''Lotus''.  
Dès qu'il est question de théosophie, on est sûr de voir apparaître la Kabbale. L'''Initiation'' ne manque pas d'obéir à cette loi. La Kabbale, « la sainte Kabbale », comme il l'appelle, lui est chère. Mais elle fait fréquemment appel à son autorité ; mais on remarque particulièrement, dans son deuxième numéro, un article de M. René Caillé sur le ''Royaume de Dieu'' par Albert Jhouney, où la doctrine du ''Zohar'', le plus important des deux livres kabbalistiques, sert de base à une Kabbale chrétienne formée des idées de Saint-Martin, dit le « Philosophe inconnu », le rénovateur inconscient de la doctrine d'Origène. C'est aussi une Kabbale chrétienne que propose M. l'abbé Roca dans un des premiers numéros du ''Lotus''.  
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