Antahkarana
Antahkarana ou Antaskarana, du sanskrit. Ce mot possède des sens divers qui varient avec chaque école de philosophie et chaque secte. C'est ainsi que Sankarâchârya lui donne le sens de "compréhension", d'autres d' "instrument interne, l'Arme formée du principe pensant et de l'égoïsme", tandis que les occultistes l'expliquent comme le sentier ou le pont entre les Manas supérieur et inférieur, l'Ego divin, et l'Ame personnelle de l'homme.
Il sert de moyen de communication entre les deux et transmet de l'égo inférieur à l'Égo Supérieur toutes ces impressions et pensées personnelles des hommes qui peuvent, par leur nature, être assimilées et amassées par l'Entité impérissable, et être ainsi rendues immortelles avec elle, cela constituant les seuls éléments de la Personnalité évanescente qui survivent à la mort et au temps. Il va sans dire que seul ce qui est noble, spirituel et divin en l'homme peut témoigner dans l'Éternité qu'il a vécu.
(source : "Glossaire Théosophique" d'Héléna Blavatsky)
Antahkarana ou Antaskarana. La voie ou le pont entre le "mental"
supérieur et le "mental" inférieur, servant de moyen de communication
entre les deux. Il est construit par l'aspirant lui-même, en matière mentale.
(source : "Initiation Humaine et Solaire" d'Alice Bailey)
La Science de l'Antahkarana
La science de l'Antahkarana traite de la manière de jeter un pont sur le hiatus existant dans la conscience de l'homme, entre le monde de l'expérience humaine ordinaire, le monde triple du fonctionnement physique, émotionnel, mental, et les niveaux supérieurs de ce que l'on appelle le développement spirituel, qui est le monde des idées, de la perception intuitive, de la pénétration et de la compréhension spirituelle.
(source : "Education dans le Nouvel Age" d'Alice Bailey, p.2)
L'éducation est [...] la Science de l'Antahkarana.
(source : "Education dans le Nouvel Age" d'Alice Bailey, p.6)
Voici un point intéressant qui devrait être noté soigneusement. Il détient la
clé du développement futur de la race. La nouvelle science de la psychologie,
qui a progressé si remarquablement pendant les trente dernières années, nous y
prépare. Les étudiants devraient s'entraîner à distinguer entre le sutratma et
l'antahkarana, entre le fil de vie et le fil de conscience. L'un des fils est la base
de l'immortalité et l'autre, la base de la continuité. Il y a là une subtile
distinction pour le chercheur. L'un des fils (le sutratma) relie et vivifie toutes
les formes en un tout qui fonctionne, et incarne la volonté et le dessein de
l'entité qui s'exprime, qu'il s'agisse d'un homme, de Dieu, ou d'un cristal.
L'autre fil (l'antahkarana) incarne la réponse de la conscience, qui est au sein de
la forme, à un champ toujours plus vaste de contacts à l'intérieur du tout
environnant.
Le sutratma est le courant direct de vie, ininterrompu et immuable, que l'on peut envisager, symboliquement, comme le flot direct d'énergie vivante s'écoulant du centre vers la périphérie, de la source vers l'expression extérieure, ou apparence phénoménale. C'est la vie. Il produit le processus individuel et le développement évolutif de toutes les formes. C'est donc le sentier de la vie qui va de la monade à la personnalité, via l'âme. C'est le fil égoïque qui est un et indivisible. Il transmet l'énergie de la vie et s'ancre finalement dans le centre du coeur humain, et dans quelque point focal central au sein de toutes les formes d'expression divine. Rien n'existe et rien ne demeure que la vie.
Le fil de conscience (antahkarana) est le résultat de l'union de la vie et de la substance, ou des énergies de base qui constituent la première différenciation dans le temps et l'espace ; cela produit quelque chose de différent. qui n'apparaît que comme la troisième manifestation divine après que l'union des dualités de base ait été faite. C'est le fil qui est tissé comme résultat de l'apparition de la vie dans la forme sur le plan physique. De plus, en termes symboliques, on pourrait dire que le sutratma agit du haut vers le bas. et qu'il est la précipitation de la vie dans la manifestation extérieure. L'antahkarana est tissé, développé et créé, comme résultat de cette création primordiale ; il agit de bas en haut, de l'extérieur vers l'intérieur, du monde des phénomènes exotériques vers le monde des réalités subjectives et des causes.
Ce "Sentier de Retour" le long duquel l'humanité se retire de l'extériorité et commence à enregistrer les connaissances intérieures conscientes de ce qui n'est pas phénoménal, a déjà atteint – par le processus évolutionnaire – un point de développement, permettant à certains êtres humains de suivre ce sentier, de la conscience physique à l'émotionnelle, de la conscience émotionnelle à la mentale. Cette partie du travail est déjà accomplie dans des milliers de cas, et ce qui est maintenant nécessaire est l'utilisation aisée et correcte de ce pouvoir. Ce fil d'énergie, coloré par une réaction sensible consciente, l'est plus tard par le discernement conscient du mental, ce qui produit l'intégration intérieure qui fait finalement de l'homme un être pensant efficace. Au début, ce fil est utilisé purement en vue d'intérêts égoïstes à mesure que le temps passe, il progresse régulièrement en force et en puissance, jusqu'à devenir un fil robuste, clair et net, qui va directement de la vie physique extérieure, d'un point à l'intérieur du cerveau, jusqu'au mécanisme intérieur. Ce fil néanmoins n'est pas identifié avec le mécanisme, mais avec la conscience de l'homme. Grâce à ce fil, l'homme prend conscience de sa vie émotionnelle sous ses nombreuses formes (notez l'expression) et prend conscience du monde de la pensée ; il apprend à penser et commence à fonctionner consciemment sur le plan mental, où les penseurs de la race – dont le nombre croît régulièrement – ont la vie, le mouvement et l'être. De plus en plus, il apprend à fouler ce sentier de conscience et, de ce fait, cesse de s'identifier à la forme extérieure animale ; il apprend à s'identifier avec les qualités et attributs intérieurs. Il vit d'abord la vie des rêves, puis la vie de la pensée. Puis vient le moment où cet aspect intérieur de l'antahkarana est achevé, et où la première grande unité consciente est consommée. L'homme est une personnalité vivante, consciente, intégrée. Le fil de continuité entre les trois aspects intérieurs de l'homme est établi et peut être utilisé. Il s'étend, si on peut employer un tel terme (mon intention est uniquement picturale), du centre de la tête au mental qui, à son tour, est un centre d'énergie dans le monde de la pensée. En même temps, cet antahkarana s'entrelace avec le fil de vie, ou sutratma, qui vient du centre du coeur. L'objectif de l'évolution dans la forme est alors relativement atteint.
Lorsqu'on en arrive à ce stade, la sensibilité continue à s'exercer vers l'univers environnant. L'homme tisse un fil semblable au fil que l'araignée tisse de façon si étonnante. Il va toujours plus loin dans son entourage possible, et découvre un aspect de lui-même auquel il n'avait guère songé dans les premiers stades de son développement. Il découvre l'âme et subit l'illusion de la dualité. C'est un stade nécessaire, mais non permanent. C'est celui qui caractérise l'aspirant de ce cycle mondial, peut-être devrais-je dire de ce manvantara ou de cette période mondiale. Il cherche à fusionner avec l'âme, à s'identifier, lui, personnalité consciente, avec l'âme adombrante. C'est à ce point, pour parler en termes techniques, que la vraie construction de l'antahkarana doit être entreprise. C'est le pont entre la personnalité et l'âme.
(source : "Education dans le Nouvel Age" d'Alice Bailey, pp.26-29)
Il faut noter ici que ce pont doit être construit dans l'aspect conscience et
concerne la continuité, chez l'homme, de la conscience de vie dans tous ses
aspects divers. L'énergie utilisée pour relier, dans la conscience, l'homme
physique et le corps astral est focalisée dans le plexus solaire. En termes
symboliques, beaucoup de personnes aujourd'hui font avancer ce pont, et
relient le mental aux deux aspects déjà reliés. Ce fil d'énergie émane de la tête,
y est ancré. Quelques personnes relient assidûment l'âme et le mental qui, à son
tour, est relié aux deux autres aspects. L'énergie de l'âme, lorsqu'elle est reliée
aux autres fils, est ancrée dans le coeur. Un très petit nombre de personnes (les
initiés), ayant effectué les synthèses inférieures, sont maintenant occupées à
obtenir une union encore plus élevée avec cette triple Réalité qui utilise l'âme
comme moyen d'expression, exactement comme l'âme, à son tour, s'efforce
d'utiliser son ombre, l'homme inférieur triple.
Ces distinctions et unifications sont des questions de forme, de symboles dans la parole, et sont utilisées pour exprimer des événements du monde des énergies et des forces dans lesquels l'homme est nettement impliqué. C'est de ces unifications que nous parlons quand la question de l'initiation est envisagée.
Le fil de vie, le cordon d'argent, ou sutratma, est de nature double en ce qui concerne l'homme. Le fil de vie lui-même, qui est l'un des deux fils constituant l'antahkarana, est ancré dans le coeur, tandis que l'autre fil, qui incarne le principe de la conscience, est ancré dans la tête. Vous le savez déjà, mais j'éprouve le besoin de le répéter constamment. Dans le travail du cycle évolutionnaire, néanmoins, l'homme doit répéter ce que Dieu a déjà fait. Il doit créer lui-même, à la fois dans le monde de la conscience et dans le monde de la vie. Comme l'araignée, l'homme tisse les fils de liaison et opère ainsi la jonction et le contact avec son entourage, ce par quoi il obtient expérience et subsistance. Le symbole de l'araignée est souvent utilisé dans les livres d'occultisme anciens et dans les écritures de l'Inde, lorsqu'il s'agit de l'activité de l'être humain.
Les fils que l'homme crée sont triples, et, avec les deux fils de base qui ont été créés par l'âme, ils constituent les cinq types d'énergie qui font de l'homme un être conscient. Les fils triples créés par l'homme sont ancrés dans le plexus solaire, la tête et le coeur. Quand le corps astral et le mental commencent à fonctionner comme une unité, et que l'âme est aussi reliée consciemment (n'oubliez pas qu'elle est toujours reliée inconsciemment), une extension de ce fil quintuple – les deux fils de base et les trois fils humains – est dirigée sur le centre de la gorge ; lorsque cela se produit, l'homme peut devenir un créateur conscient sur le plan physique. A partir de ces lignes majeures d'énergie, des lignes mineures peuvent rayonner à volonté. C'est sur cette connaissance que tout le développement psychique intelligent de l'avenir doit être fondé.
Dans le paragraphe ci-dessus, et dans ses implications, vous avez une déclaration, brève et inadéquate, concernant la Science de l'Antahkarana. Je me suis efforcé de l'exprimer en termes symboliques si vous voulez, qui transmettront à votre mental une idée générale du processus. Nous pouvons apprendre beaucoup en utilisant l'imagination visuelle. Beaucoup d'aspirants ont déjà établi les chaînons suivants de l'antahkarana :
- 1. Entre le corps physique et le corps éthérique ou vital. Ceci, en vérité, est une extension du fil de vie, entre le coeur et la rate.
- 2. Entre le corps physique et le corps vital, considérés comme une unité, et le véhicule astral ou émotionnel. Ce fil émane du plexus solaire, y est ancré, et il est porté vers le haut par l'aspiration jusqu'à ce qu'il s'ancre dans les pétales d'amour du lotus égoïque.
- 3. Entre les véhicules physique et astral, et le corps mental. L'une des extrémités est ancrée dans la tête, et l'autre dans les pétales de connaissance du lotus égoïque, étant poussée vers l'avant par un acte de la volonté.
Beaucoup de personnes aussi sont en train de relier les trois aspects
inférieurs, que nous appelons la personnalité, avec l'âme elle-même, par la
méditation, la discipline, le service et l'attention dirigée. Une véritable relation
est alors établie entre les pétales de sacrifice ou de volonté du lotus égoïque, et
les centres de la tête et du coeur, ce qui produit une synthèse entre la
conscience, l'âme et le principe de vie. Ce processus d'établissement d'une
relation réciproque et de renforcement du pont ainsi construit se poursuit
jusqu'à la troisième initiation. Les lignes de force sont alors tellement reliées
entre elles que l'âme et son mécanisme d'expression forment une unité. Une
unification et un fusionnement supérieurs peuvent alors se poursuivre.
(source : "Education dans le Nouvel Age" d'Alice Bailey, pp.31-33)
Je voudrais ici faire une simple demande à l'étudiant sérieux. Réfléchissez
aux quatre déclarations suivantes :
- 1. L'antahkarana exprime la qualité du magnétisme qui ouvre la porte du centre d'enseignement de la Grande Loge Blanche.
- 2. L'antahkarana est la force d'intégration consciente.
- 3. L'antahkarana est le moyen de transfert de la lumière.
- 4. L'antahkarana concerne la continuité de la perception de l'homme.
(source : "Education dans le Nouvel Age" d'Alice Bailey, pp.51-52)
J'ai dit, ici et ailleurs, que l'âme s'ancre en deux points du corps :
- 1. Il existe un fil d'énergie, que nous appelons l'aspect vie ou esprit, ancré dans le coeur. Il utilise le courant sanguin, ainsi qu'on le sait, comme agent de distribution ; au moyen du sang, l'énergie de vie régénère et coordonne tout l'organisme physique et maintient le corps en un "tout".
- 2. Il existe un fil d'énergie, que nous appelons l'aspect conscience, ou faculté de connaissance de l'âme, ancré au centre de la tête. Il gouverne le mécanisme de réponse que nous appelons le cerveau ; par son intermédiaire il dirige l'activité et amène la prise de conscience dans le corps tout entier, au moyen du système nerveux.
Ces deux facteurs d'énergie, connus des êtres humains en tant que vie et
connaissance, ou en tant qu'énergie de vie et intelligence, sont les deux pôles
d'existence de l'enfant. La tâche qui l'attend est de développer consciemment
l'aspect médian ou équilibrant qui est l'amour ou relation de groupe, afin que la
connaissance soit subordonnée au besoin et à l'intérêt du groupe, et que cette
énergie vivante soit dirigée consciemment, et avec intention, vers l'ensemble du
groupe. Ce faisant, un véritable équilibre sera obtenu, provoqué par la
reconnaissance que la Voie du Service est une technique scientifique pour
parvenir à cet équilibre.
(source : "Education dans le Nouvel Age" d'Alice Bailey, pp.92-94)
Hiérarchie, responsabilité, influence réciproque de groupe, don de soi ou
sacrifice, voilà les quatre catégories de prises de conscience qui permettront à
chacun de jouer son rôle, et de participer à jeter un pont de personne à
personne, de groupe à groupe, de nation à nation, établissant ainsi le nouveau
monde de relations de corps reconnues ; cela produira, en fin de
compte, la civilisation de lumière et d'amour qui caractérisera l'âge du Verseau.
Ce sont ces quatre concepts qui sous-tendent la Science de l'Antahkarana, la Science de la Méditation, et la Science du Service. On ne doit pas interpréter leurs connotations dans un sens sentimental, ou selon les idées courantes, mais toujours sous l'angle de l'intelligence exercée et de la conscience développée spirituellement.
(source : "Education dans le Nouvel Age" d'Alice Bailey, pp.130-131)
La nature de l'Antahkarana
Une [...] des difficultés rencontrées dans l'examen de n'importe laquelle de ces sciences ésotériques, traitant de ce qui a été appelé "le développement conscient des reconnaissances divines" (qui est la vraie prise de conscience) est la vieille habitude qu'a l'humanité de matérialiser toute connaissance. Tout ce que l'homme apprend est appliqué – au fil des siècles – au monde des phénomènes naturels et au processus naturel, non à la reconnaissance du Soi, du Connaissant, du Spectateur, de l'Observateur. En conséquence, quand l'homme entre sur le Sentier, il doit s'éduquer à la méthode consistant à utiliser la connaissance par rapport à l'Identité consciente d'elle-même, à l'Individu contenu en soi-même, se créant soi-même.
Quand il est capable de le faire, il transmue la connaissance en sagesse. Auparavant, j'ai parlé de "connaissance-sagesse" qui sont des mots synonymes de "force-énergie". La connaissance utilisée est la force qui s'exprime ; la sagesse utilisée est l'énergie en action. Les mots sont l'expression d'une grande loi spirituelle que vous feriez bien d'étudier soigneusement. La connaissance-force concerne la personnalité et le monde des valeurs matérielles ; la sagesse-énergie s'exprime par le fil de conscience et le fil créateur, constituant un cordon au tissage double. Pour le disciple, ils représentent la fusion du passé (fil de conscience) et du présent (fil créateur), et forment ensemble ce que sur le Sentier de Retour, on appelle habituellement l'antahkarana. Ceci n'est pas entièrement exact. Le fil de sagesse-énergie est le sutratma ou fil de vie, car le sutratma (lorsqu'il est fondu au fil de conscience) s'appelle aussi l'antahkarana. Je pourrais peut-être clarifier quelque peu cette question en signalant que, bien que ces fils existent éternellement dans le temps et l'espace, ils apparaissent distincts et séparés lorsque l'homme devient un disciple en probation, et qu'il prend donc conscience de lui-même, et non seulement du non-soi. Il y a le fil de vie ou sutratma et le fil de conscience – l'un ancré dans le coeur, l'autre dans la tête. Au cours des siècles passés, le fil créateur, sous l'un ou l'autre de ses trois aspects, a été lentement tissé par l'homme ; ce fait de la nature est indiqué par son activité créatrice pendant les 200 dernières années, de sorte qu'aujourd'hui le fil créateur est généralement une unité en ce qui concerne l'humanité dans son ensemble, et spécifiquement le disciple ; il forme un fil robuste étroitement tissé sur le plan mental.
Ces trois fils majeurs qui, en réalité, sont six, si l'on différencie le fil créateur en ses parties composantes, forment l'antahkarana. Ils incarnent l'expérience passée et présente et sont reconnus par l'aspirant. Ce n'est que sur le Sentier lui-même que l'expression "construire l'antahkarana" devient exacte et appropriée. C'est sur ce point que la confusion peut intervenir dans le mental de l'étudiant. Appeler ce courant d'énergie, le sutratma et un autre courant, le fil de conscience et un troisième courant d'énergie, le fil créateur est une distinction purement arbitraire du mental analytique inférieur. Il l'oublie. Tous trois ensemble sont essentiellement l'antahkarana en voie de formation. Il est également arbitraire d'appeler antahkarana le pont que le disciple construit à partir du plan mental inférieur, via le plan égoïque, tourbillon central de force. Mais, aux fins d'une étude compréhensive et d'expérience pratique, nous définirons l'antahkarana comme le prolongement du fil triple (jusque là tissé inconsciemment par l'expérimentation dans la vie et la réceptivité de la conscience à l'environnement) obtenu en projetant consciemment les trois énergies unies de la personnalité, sous l'impulsion de l'âme, par-dessus la discontinuité qui jusque là existait dans la conscience. Deux événements peuvent alors se produire :
- 1. La réponse magnétique de la Triade spirituelle (atma, buddhi, manas), qui est l'expression de la Monade, est évoquée. Un courant triple d'énergie spirituelle est lentement projeté vers le lotus égoïque et vers l'homme inférieur.
- 2. La personnalité commence alors à jeter un pont par-dessus le hiatus existant de son côté entre l'atome manasique permanent et l'unité mentale, entre le mental supérieur abstrait et le mental inférieur.
Techniquement et sur le Sentier du Disciple, ce pont, entre la personnalité sous
ses trois aspects et la monade sous ses trois aspects, s'appelle l'antahkarana.
Cet antahkarana est le résultat de l'effort uni de l'âme et de la
personnalité, travaillant ensemble consciemment à construire ce pont. Lorsqu'il est
terminé, il existe un rapport parfait entre la monade et son expression sur le plan
physique, l'initié dans le monde extérieur. La troisième initiation marque la
consommation de ce processus, et il y a alors une ligne directe de relation entre la
monade et le soi inférieur. La quatrième initiation marque, chez l'initié, la parfaite
compréhension de cette relation. Cela lui permet de dire "Le Père et moi sommes
un." C'est pour cette raison que la crucifixion ou Grande Renonciation prend place.
N'oubliez pas que c'est l'âme qui est crucifiée. C'est le Christ qui "meurt". Ce n'est pas l'homme ; ce n'est pas Jésus. Le corps causal disparaît. L'homme est conscient monadiquement. Le corps de l'âme ne joue plus de rôle utile et n'est plus nécessaire. Il ne reste rien que le sutratma, caractérisé par la conscience, laquelle continue de garder son identité bien qu'elle soit fondue dans le tout. Une autre caractéristique est la créativité, ainsi la conscience peut se focaliser à volonté sur le plan physique, dans un corps extérieur, ou forme. Ce corps est créé par la volonté du Maître.
Dans cette tâche d'épanouissement, d'évolution et de développement, le mental de l'homme doit comprendre, analyser, formuler et distinguer ; en conséquence, les différenciations temporaires sont d'importance profonde et utile. Nous pourrions donc conclure que la tâche du disciple est :
- 1. De prendre conscience des situations suivantes (si je puis employer un tel mot) :
- a. Du processus combiné à la force.
- b. De la position sur le Sentier, ou reconnaissance des agents de qualification disponibles, ou énergies.
- c. De la fusion ou intégration du fil de conscience avec le fil créateur et le fil de vie.
- d. De l'activité créatrice. Elle est essentielle car ce n'est pas seulement par le développement de la capacité de créer dans les trois mondes qu'est créé le nécessaire point focal, mais elle conduit aussi à la construction de l'antahkarana, à sa "création".
- 2. A construire l'antahkarana entre la Triade spirituelle et la personnalité, avec la coopération de l'âme. Ces trois points d'énergie divine pourraient être symbolisés ainsi :
Ce simple symbole vous donne l'image de la tâche du disciple sur le Sentier.
Un autre diagramme peut servir de clarification :
Vous avez ci-dessus les "neuf de l'initiation" ou la transmutation de neuf forces en énergies divines.
(source : "Traité sur les Sept Rayons - Les Rayons et les Initiations" d'Alice Bailey, pp.452-456)
La construction de l'Antahkarana
J'ai l'intention d'être très pratique. La construction de l'antahkarana, entreprise consciemment sur le Sentier du Disciple, est un processus qui obéit à certaines règles anciennes et éprouvées. Quand on observe correctement ces règles, la suite des événements et l'apparition des résultats désirés sont inéluctables. Je pourrais dire beaucoup de choses qui seraient de peu d'utilité pour l'aspirant moyen, vu qu'elles concerneraient des réalités subjectives qui – bien qu'étant les faits occultes et existants d'un processus naturel – sont encore irréalisables. Mon problème est de présenter ce processus de telle manière que – vers la fin du siècle – les éducateurs pensent, parlent et enseignent en termes de "jeter un pont sur", abordant ainsi les affirmations de base qui ont un rapport précis avec la question que nous examinons. Je voudrais rappeler ici, très succinctement, quelques-unes d'entre elles à votre attention :
- 1. La connaissance-force s'exprime par le fil de conscience et par le fil de création.
- 2. Ces deux fils, pour le disciple, sont une fusion de la connaissance passée (fil de conscience) et de la connaissance actuelle (fil de création).
- 3. Le fil de vie, ou sutratma proprement dit, est étroitement uni à ces deux fils. Vous avez alors atma-buddhi-manas (ce dernier étant l'agent de création) fonctionnant consciemment dans une certaine mesure, chez l'aspirant.
- 4. La fusion de la personnalité et de l'âme est en cours, mais, lorsqu'elle a atteint un certain point, il apparaît qu'une créativité ou activité créatrice de la Volonté est nécessaire pour jeter un pont entre la Triade spirituelle et la personnalité, en passant par l'âme.
- 5. Le pont qui doit être construit s'appelle techniquement antahkarana.
- 6. Ce pont doit être construit par l'aspirant qui est focalisé sur le plan mental, car c'est la substance mentale (dans ses trois degrés) qui doit être utilisée, et les trois aspects du mental – l'atome permanent manasique, le Fils du Mental ou Ego et l'unité mentale – sont tous impliqués dans ce processus.
Les étudiants feraient bien d'apprendre que ce processus de construction de
l'antahkarana est l'un des moyens par lesquels l'homme, trinité, devient une dualité.
Quand la tâche est terminée et que l'antahkarana est véritablement construit – engendrant ainsi un alignement parfait entre la Monade et son expression sur le plan physique – le corps de l'âme (le corps causal) est totalement et finalement détruit par le feu de la Monade, descendant par l'antahkarana. Il existe alors une complète réciprocité entre la Monade et l'âme parfaitement consciente sur le plan physique. L' "intermédiaire divin" n'est plus nécessaire. Le "Fils de Dieu qui est le Fils du Mental" meurt ; le "voile du temple est déchiré en deux, de haut en bas" ; la quatrième initiation est prise et vient alors la révélation du Père.
C'est le résultat ultime et de grande portée de la construction de ce pont qui, en réalité, établit une ligne de lumière entre la Monade et la personnalité en tant qu'expression complète de l'âme, entre l'esprit et la matière, entre le Père et la Mère.
C'est la preuve que "l'esprit est monté sur les épaules de la matière" jusqu'à ce haut lieu d'où, à l'origine, il est venu ; il possède alors, en plus, le gain de l'expérience et du savoir complet, et tout ce que la vie dans une forme matérielle pouvait apporter, ainsi que tout ce que l'expérience consciente pouvait conférer. Le Fils a fait son travail. La tâche du Sauveur ou Médiateur est terminée. L'unité de toutes choses est reconnue comme un fait dans la conscience, et l'esprit humain peut dire avec intention et compréhension : "Le Père et moi sommes Un."
L'affirmation ci-dessus n'a probablement aucun sens si ce n'est théoriquement, mais elle résume la tâche à venir et le travail du disciple en train de construire l'antahkarana. Il y a un rapport étroit entre la quatrième initiation, le quaternaire dans son état évolué – corps vital, véhicule émotionnel, mental et âme – et ce quatrième stade technique de construction consciente du "pont arc-en-ciel".
Vous avez donc :
- 1. Le Quaternaire, facteur de création sur terre.
- 2. La quatrième initiation, celle de la Crucifixion.
- 3. Le quatrième stade technique de la construction de l'antahkarana :
- a. Le sutratma, le fil de vie.
- b. Le fil de conscience.
- c. Le fil de création, qui est triple.
- d. L'antahkarana technique reliant la personnalité triple à la Triade spirituelle.
- a. Le sutratma, le fil de vie.
- 4. Les quatre stades du Sentier de Retour :
- a. Le stade de l'évolution elle-même.
- b. Le stade du Sentier de Probation.
- c. Le stade du Sentier du Disciple.
- d. Le stade du Sentier de l'Initiation.
- a. Le stade de l'évolution elle-même.
Cependant c'est une seule entité, la même, qui participe à tous les aspects,
degrés et stades différenciés, et qui en est responsable, expérimentant, vivant
l'expérience, et s'exprimant consciemment à chacun de ces stades ou modes de vie
jusqu'à la quatrième initiation. La conscience elle-même fait place à la vie, et
cependant reste elle-même. A la déclaration ci-dessus, ajoutez le fait que c'est le
quatrième règne de la nature qui subit tout ce qui est indiqué plus haut, et
qu'il est conditionné par les quatre aspects de l'unique sutratma. Une fois que cela
est compris, la beauté du symbolisme et les relations numérologiques se dégagent
de manière significative.
(source : "Traité sur les Sept Rayons - Les Rayons et les Initiations" d'Alice Bailey, pp.474-477)
Techniquement parlant
Le processus de construction de l'Antahkarana se déroule, selon le Maître Tibétain, en six étapes :
- 1) l'intention : l'idée est d'une focalisation de l'énergie sur le plan mental au point de la plus grande tension possible ;
- 2) la visualisation : le point de tension maximale étant atteint, le disciple doit puiser dans les ressources de son imagination (qui est le niveau le plus bas de l'intuition) ; la tension est ainsi accrue ; plus le processus de visualisation sera puissant et clair, plus beau et plus solide sera le pont ;
- 3) la projection : le disciple fait appel aux ressources de son âme, emmagasinées dans ce que techniquement on appelle "le joyau dans le lotus", ancrage de la Monade. La révélation de ce joyau est en lien avec l'idée de sacrifice ; mais pour comprendre cela, il faut se débarrasser de l'idée habituelle que le sacrifice est un processus d'abandon ou de renonciation à tout ce qui rend la vie digne d'être vécue. Techniquement, le sacrifice est l'obtention d'un état de félicité et d'extase, car c'est la réalisation d'un autre aspect divin, caché jusque là par l'âme et la personnalité ;
Les trois stades précédant concernaient un travail de la Personnalité ; ceux qui suivent sont du domaine de la réponse de la partie supérieure de l'Homme.
- 4) l'invocation et l'évocation : Cette tension, réservoir d'énergie vivante qu'est le disciple lui-même, est mise en mouvement par la pensée projetée, l'utilisation de la volonté et l'énonciation d'un Mot ou Expression de Pouvoir. Le Père (Monade), agissant par le fil va maintenant à la rencontre du Fils (l'âme, enrichie de l'expérience de la vie de la personnalité dans les trois mondes), et les niveaux supérieurs répondent en envoyant une ligne de projection d'énergie qui entrera finalement en contact avec la projection inférieure. C'est ainsi que le pont est construit. La tension de l'inférieur évoque l'attention du supérieur.
- 5) et 6) la stabilisation et la résurrection : le pont est maintenant construit ; le Disciple n'est plus seulement une partie de l'humanité et un membre de la Hiérarchie, mais il appartient à la grande compagnie de Ceux dont la volonté est consciemment divine et qui sont les Gardiens du Plan. Ils sont réceptifs à l'impression de Shamballa et dirigés par les Chefs de la Hiérarchie.
Important : il faut noter qu'à partir du stade de Projection, la technique employée par le Disciple diffère selon les Rayons sur lesquels il vibre. Les différentes techniques sont répertoriées par le Tibétain dans son ouvrage.
Pour de plus amples explications
- Voir le "Traité sur les Sept Rayons - Les Rayons et les Initiations" d'Alice Bailey, pp.441-501